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Le prédicateur wahhabite Nabil Al-Awadi, accueilli en grande pompe par le Palais de Carthage, en janvier 2013, est l'un des «argentiers» de l'Etat islamique (Daâch).

Par Zohra Abid

C'est le journal britannique ''Daily Mail'' qui a fait cette révélation, il y a 2 jours.

Le prédicateur était jusqu'à février 2014 directeur d'une école coranique privée à Birmingham, au Royaume-Uni, appelée Al-Birr, fondée 7 ans plus tôt.

La même source ajoute qu'il a donné des dizaines de millions de dollars à l'Etat islamique et financé plusieurs groupes djihadistes dans la région, notamment en Irak et en Syrie.

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Nabil Al-Awadi était venu pour voiler les petites filles tunisiennes, mais aussi pour appeler les jeunes tunisiens au jihad en Syrie, avec la complicité du gouvernement Ennahdha et du président Marzouki.  

Nabil Al-Awadi vivait, jusqu'à l'an dernier, à Brixton, au sud de Londres, et avait des liens avec plusieurs associations caritatives liées aux réseaux terroristes.

En août dernier, le Koweït a déchu ce «bailleur de fonds» du terrorisme islamiste de la nationalité koweitienne, pour «des raisons de sécurité de l'Etat», expliquait le communiqué officiel de l'émirat. En fait, Nabil Al-Awadi, qui a contribué au financement et à l'armement des rebelles islamistes en Syrie, était devenu gênant pour les autorités koweitiennes, qui lui ont interdit de conduire des sermons dans les mosquées, indique le site ''L'Observatoire du Qatar''.

Depuis 2011, le prédicateur se rendait régulièrement au Qatar pour donner des prêches à la mosquée Omar Ibn Al-Khattab de Doha. Et il s'est beaucoup rapproché du régime en place dans l'émirat et s'est même vu octroyer la nationalité qatarie.

En janvier 2013, le prédicateur wahhabite tunisien Béchir Ben Hassen s'est excusé, au nom de tous les Tunisiens, auprès du prédicateur Nabil Al-Awadi, parce qu'il a été très critiqué par les médias tunisiens lors de sa visite dans notre pays. Il a déclaré : «Si j'en avais le pouvoir, je lui aurais accordé la nationalité tunisienne».

Cheikh Abdelfattah Mourou, vice-président d'Ennahdha, lui a emboîté le pas au cours d'une émission de la chaine EttounsiaTV, mais, en bon musulman malékite tunisien, il n'a pas omis d'y mettre un bémol. «Nous ne sommes pas des gens à humilier nos hôtes quand ils respectent les lois de notre pays. Mais je récuse, personnellement, les idées de Nabil Al-Awadi sur l'imposition du hijab aux petites filles».

La tournée de Nabil Al-Awadi en Tunisie (Sousse, Sfax, quartier Kabaria à Tunis, Zarzis...) a été célébrée comme un grand événement par les dirigeants d'Ennahdha, notamment les députés Habib Ellouze et Sadok Chourou, ses deux plus grands fans dans notre pays, ainsi que par les médias proches du parti islamiste. La chaine ZitounaTV, appartenant à Oussama Ben Salem, membre du Conseil de la Choura d'Ennahdha et fils Moncef Ben Salem, le ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque, a assuré une couverture spéciale de cette visite. Pour immortaliser l'événement...

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La présidence de la république tunisienne (ici représentée par Imed Daimi) réserve un accueil officiel au financier des terroristes de Daâch.

Pour ne pas demeurer en reste, le président du Congrès pour la république (CpR), Imed Daïmi, à l'époque chef du cabinet du président provisoire de la république Moncef Marzouki, a réservé un accueil officiel au prédicateur Al-Awadi et lui a déroulé le tapis rouge au Salon d'honneur de l'aéroport de Tunis-Carthage.

A l'époque aussi, souvenons-nous, le gouvernement islamiste appelait ouvertement les Tunisiens à partir au jihad en Syrie. Ghannouchi, Marzouki et Al-Awadi étaient sur la même longueur d'onde... Ont-ils cessé de l'être aujourd'hui? Qu'on nous permette d'avoir des doutes à ce sujet.

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