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Des révolutionnaires libyens ont annoncé aujourd'hui à Tunis la création d'un parti rassembleur et appelé leurs concitoyens vivant en Tunisie à rentrer au pays, car l'heure est à la réconciliation.

Par Zohra Abid

 Le jour même de l'enlèvement de Fawaz Al-Aïtan, ambassadeur de Jordanie à Tripoli, et ses 2 garde-corps dans un pays, la Libye, qui vit dans une anarchie totale, une dizaine de «thouar» (révolutionnaires) ont rencontré les médias à l'hôtel Africa de Tunis. A leur tête, l'ambassadeur libyen Mohamed Maâloul, et le consul général Abdallah Zar.

Autour de ces diplomates, pressés de partir car pris par d'autres engagements, s'affairaient des chefs de groupes paramilitaires: Nasr Abou Al-Kacem Belhaj, Ibrahim Bouchata, Mustapha Labiadh...

Vers une forme de cohabitation

Ils sont venus de Misrata, Sebha, Zentane et de plusieurs autres villes... Tous se proclament «thouar» et appellent leurs compatriotes à se souder les coudes et à construire, chez eux, l'Etat de droit que la Libye n'a jamais connu. Aussi, ont-ils décidé de se rassembler et de trouver ensemble une formule de cohabitation. Car, disent-ils, il est temps de créer un Etat, de mettre en place de véritables institutions et d'oeuvrer pour une réconciliation nationale, même avec les ex-partisans de Kadhafi.

«Assez d'orphelins, assez de veuves dans notre pays. Nous avons tous, de part et d'autre, beaucoup payé. Nous cherchons, aujourd'hui, à faire revenir nos familles, refugiées ici et ailleurs, dans le pays des ancêtres. Nous avons suivi l'exemple de la Tunisie et fait la révolution. Nous devons aujourd'hui faire comme nos frères et voisins en rapprochant les diverses parties et en lançant, nous aussi, notre dialogue national. La réconciliation est la seule voie pour la paix et la prospérité partagées», a lancé l'un des «thouar», avant d'annoncer la création d'un parti à partir de la Tunisie. «Nous avons appelé notre parti le Rassemblement pour la Libye (RpL). C'est un parti ouvert, créé pour rassembler même ceux qui étaient avec l'ancien régime et qui doivent trouver leur place, eux aussi, dans la nouvelle Libye. Désormais, la réponse sera dans les urnes», a-t-il dit.

Les «thouar» présents aujourd'hui à Tunis se sont mis d'accord sur 29 points pour consolider leur démarche et bâtir l'avenir de leur pays sur des bases solides. Parmi les idées fortes de leur initiative politique, le renoncement définitif à la violence, la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme idéologique, ainsi que le transfert pacifique du pouvoir dans le cadre de la transparence et la crédibilité.

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Reste à espérer que les membres du RpL ont vraiment des relais puissants dans la société libyenne.

Une initiative louable, mais...

«Ces ''thouar'' représentent plusieurs régions et plusieurs tribus dans leur pays. Ils ont leur poids et de l'influence. Ils sont venus avec l'idée de se construire et de se tendre la main, les uns les autres, afin de construire un nouvel Etat. Nous ne pouvons que les féliciter et les aider dans leur démarche», a indiqué Abdelaziz Kotti, membre du bureau politique de Nida Tounes, qui appuie cette initiative.

«Ces gens sont venus avec une logique de construction et non de destruction et ils ont besoin de nous pour les aider à construire et à se reconstruire. Ainsi, ils vont pour cela rassembler les armes, mettre en place des institutions sécuritaires (armée et police), un Etat. Pour nous aussi, Tunisins, cette démarche va être bénéfique, car nous trouverons avec qui parler, négocier. Il ne faut pas oublier que leur sécurité est aussi la nôtre», a ajouté M. Kotti.

Pour le dirigeant de Nida Tounes, le fait que des «thouar» libyens se trouvent aujourd'hui réunis autour de la même table, est déjà en soi un grand exploit. Mais, il ne faut pas s'arrêter là. Il y a encore beaucoup à faire. «Un comité de coordination va être créé au niveau des ministères des Affaires étrangères. Nous devons recenser les Tunisiens en Libye et les Libyens vivant chez nous. Ce genre de travail est très important pour nos deux peuples, qui ont besoin de vivre en paix et en bon voisinage», a-t-il expliqué.

La création du Rassemblement pour la Libye est une bonne initiative politique. Que ce parti ait été créé à Tunis est en soi très significatif et témoigne de l'intérêt que les Libyens vouent à l'expérience tunisienne de transition démocratique.

L'objectif rassembleur de cette initiative est très louable et on ne peut que souhaiter le succès à ses promoteurs. Reste à se demander si ces derniers ont vraiment des relais puissants dans la société libyenne et s'ils vont être capables de convaincre le plus grand nombre de Libyens de les suivre dans leur démarche. Wait and see...