ali larayedh 10 14Le Conseil de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT) va déposer plainte contre le chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh pour abus de pouvoir, parce qu’il a promu des ingénieurs islamistes dans la fonction publique en dehors de tout critère objectif.

L’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT) a appris le 1er novembre que certains ingénieurs des travaux publics et ingénieurs principaux dépendant du ministère de l’Agriculture, ayant bénéficié de l’amnistie générale de mars 2011, ont été promus au rang d’ingénieurs généraux, alors que leurs collègues ayant exercé pendant 15 ans et plus stagnent encore dans le même grade.

Les ingénieurs promus, faut-il le rappeler, appartiennent à Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir, et ont été condamnés dans le cadre de procès politiques. Certains étaient en fuite à l’étranger où ils ont amassé de grosses fortunes.

Ce n’est pas là une raison pour qu’ils doublent tous leurs collègues en bénéficient d’un coup de pouce politique de la part du ministre de l’Agriculture, l’islamiste Mohamed Ben Salem, et du chef du gouvernement provisoire, l’islamiste Ameur Larayedh.

Le 4 novembre, l’OIT a publié dans sa page Facebook officielle le communiqué suivant : «Nous venons d’apprendre par le biais du Journal officiel de la république tunisienne (Jort) que des ingénieurs TE et principaux ont été promus au grade d’ingénieurs généraux en application des décrets 4128 et 3256 relatifs à l’amnistie générale. Nous pensons que ces deux décrets sont illégaux. Comment des ingénieurs parachutés au plus haut niveau de responsabilité (ministres, chefs de cabinets et autres) peuvent-ils se permettre de se faire nommer ingénieurs généraux alors qu’ils ont été à l 'abri en Europe en train de faire fructifier leurs affaires, leurs carrières et leurs rentes... alors que leurs collègues au pays travaillant dans les plus difficiles conditions n'ont pu avoir aucune promotion de grade depuis plus de deux décennies pour certains. A ceux-ci, on demande la formation continue et on leur impose des listes d'aptitude et des commissions de promotion sur dossiers avec des conditions draconiennes. Cette question a été soulevée il y a plus de 6 mois par le Conseil de l'Ordre qui a invité les ingénieurs dans les comités régionaux et sectoriels élus à se mobiliser dans les sections pour préparer une action commune au niveau de l’OIT, mais personne n'a bougé. Aujourd'hui la mobilisation est là, voyons ensemble les moyens de riposte à cette injustice et cette dilapidation des deniers publics. C'est bien une dilapidation sinon comment expliquer l'ordonnancement d'indemnités et de salaires pour un service non fait. Il faut annuler ces décrets, revoir les conditions de promotion de grade et réétudier les dossiers de tous les cas et promouvoir ceux qui le méritent sans conditions préalables sur la base d’appartenances politiques. Ainsi le Conseil de l'ordre des ingénieurs tunisiens a demandé à son avocat d'intenter un procès contre le chef du gouvernement et a demandé l'annulation des décrets concernant les promotions de grade pour des raisons politiques. Ces promotions sont anti statutaires et illégales au vu des lois existantes: loi portant création de l'Ordre des ingénieurs; loi portant sur le statut général des ingénieurs de la fonction publique».

Le samedi 9 novembre, l’OIT a décidé de faire recours à la justice et d’intenter un procès contre Ali Larayedh, premier responsable de cet abus de pouvoir.

Z. A.