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Les partisans du parti islamiste Hizb Ettahrir ont défilé, vendredi, sur l’Avenue Bourguiba, à Tunis, réclamant l’adoption de la charia et le califat à la place, respectivement, de la constitution et de l’Etat national.

Par Zohra Abid

Après la prière du vendredi à la mosquée El-Fath, à Tunis, fief des salafistes wahhabites, près d’un millier de personnes (les hommes devant et les femmes aux derniers rangs) ont effectué une marche de l’avenue de la Liberté à l’avenue Bourguiba, avant de se rassembler devant le Théâtre municipal.

Ils criaient «Allah Akbar» et agitaient des bannières noires et blanches des salafistes. Le drapeau rouge et blanc, avec l’étoile et le croissant de lune, n’est pas autorisé dans ce genre de rassemblement d’extrémistes religieux, qui rejettent la démocratie, le pluralisme, les élections, la représentation parlementaire, les lois positives et l’idée même d’Etat national tunisien. Cela ne les empêche pas d'avoir un... parti. Mais pour quoi faire? Mystère et boule de gomme.

Le rassemblement était bien encadré par les forces d’ordre.

Selon Ridha Belhaj, porte-parole de Hizb Ettahrir, la constitution en cours de finalisation ne pourra pas réaliser les revendications de la révolution qui se résument, selon lui, dans «l’instauration de la charia et du califat légués par le prophète de la oumma».

«C’est du folklore éculé», diraient certains, dédaigneux. Pas vraiment, car ces gens ont de la suite dans les idées.

Les membres de Hizb Ettahrir, qui ne se sont manifestés qu’après la chute de Ben Ali et qui étaient terrés chez eux quand les jeunes se faisaient canarder par la police du dictateur, croient pouvoir récupérer, eux aussi, la révolution.

Leur marche du vendredi était aussi destinée à protester contre une hypothétique reprise du dialogue national, suspendu depuis le 4 novembre. Autant dire qu’ils misent sur le désordre et l’anarchie qui naîtraient de cet échec pour essayer d’instaurer leur loi religieuse.

On fera remarquer, au passage, qu’ils agitent le même étendard que celui du groupe terroriste Ansar Charia. Espérons que les affinités ne sont qu’idéologiques et qu’elles ne deviendront pas, le jour J, organiques et/ou organisationnelles.