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Alors que la majorité de Tunisiens, endeuillés, pleurait les 7 agents de la garde nationale tués hier à Sidi Ali Ben Oun (Sidi Bouzid) et Menzel Bourguiba (Bizerte), les partisans d'Ennahdha ont fait la fête à l'Avenue Habib Bourguiba, en présence de plusieurs de leurs leaders et députés.

Par Zohra Abid

A peine Moncef Marzouki, président provisoire de la république, a-t-il décrété trois jours de deuil national suite à la mort des 7 agents tués par des terroristes appartenant au groupe Ansar Charia, le parti islamiste Ennahdha et ses milices (Ligues de protection de la révolution, et tutti quanti) se sont rassemblés, mercredi soir, à l'avenue Habib Bourguiba, au centre-ville de Tunis, pour fêter... la «légitimité du gouvernement.»

Ces milliers de personnes sont sorties à l'appel d'Ennahdha, juste après la déclaration télévisée ambiguë du chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh, mettant fin, de fait, à tout espoir de voir démarrer le dialogue national, de nouveau renvoyé aux calendes grecques.

Parmi les slogans scandés: «Thouar, thouar, wenkammel el-mechoir» (Nous sommes des révolutionnaires et nous allons poursuivre le combat).

Ces gesticulations ont quelque chose d'obscène et de vulgaire.

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La députée Yamina Zoghlami et d'autres dirigeants d'Ennahdha festoient le soir du deuil national de Tunisiens.

D'abord parce que les Nahdhaouis n'ont jamais pris part à la révolution, contrairement à ce qu'ils prétendent. Car, quand de jeunes tunisiens sans obédience politique, les vrais révolutionnaires, se faisaient canarder par la police de Ben Ali, ils étaient terrés chez eux et leurs dirigeants suivaient les événements à partir de leur exil doré à Londres, Paris et Doha, et discutaient avec le dictateur pour l'aider à sortir de l'impasse, moyennant quelques bénéfices pour eux et pour leurs partisans (n'est-ce pas M. Zied Daoulatli?).

Ensuite, ces démonstrations de joie avaient lieu alors que les familles des victimes de la garde nationale étaient encore sous le choc et pleuraient leurs morts, et que des millions de Tunisiens pleuraient avec eux. C'est tout simplement honteux...

C'est là une preuve, s'il en est encore besoin, qu'une bonne partie des islamistes sont dénués de sentiment et de coeur. Pire encore : ils n'ont aucun sentiment d'appartenance à la nation tunisienne. Les morts d'hier n'étaient pas les leurs... Ce sont des «taghout», comme diraient leurs protégés et alliés d'hier, les salafistes jihadistes d'Ansar Chariâ, qu'ils ont encore du mal à considérer comme des ennemis de la Tunisie et des Tunisiens. C'est plus fort qu'eux: les Nahdhaouis et les salafistes jihadistes ont fréquenté les mêmes cercles et se sont abreuvés aux mêmes sources de l'intégrisme religieux.

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