magistrats 9 5Le Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) a déploré, dans une conférence de presse, jeudi, à Tunis, le manque d’indépendance de la justice, qui reste trop dépendante du pouvoir exécutif.

La présidente du SMT a indiqué que l'interdiction faite aux journalistes d'assister aux audiences munis de leurs appareils photo avait été appliquée sur instructions du chef de poste de police du Palais de Justice de Tunis, à l'insu et sans consultation du procureur de la république.

Raoudha Labidi, qui s'exprimait, jeudi, lors d'un point de presse improvisé sur la voie publique, devant le Palais de Justice, à Tunis, a encore marqué son étonnement des récentes déclarations du ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, relatives au dossier du terrorisme.

Le ministre de l'Intérieur, un magistrat de carrière, «était censé ne dévoiler l'identité d'aucun prévenu» au nom du principe de la présomption d'innocence, a-t-elle déclaré, insistant sur le fait que «la mission du ministère de l'Intérieur consiste à assurer les investigations policières sans empiéter sur les compétences du pouvoir judiciaire».

La présidente du SMT a, en outre, considéré que les déclarations du porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Laroui, au sujet d'ordonnances de juges d'instruction en faveur de la remise en liberté d'accusés en état d'arrestation «reviennent à remonter l'opinion publique contre la justice tunisienne» et «constituent une atteinte aux prérogatives de la magistrature». «Il est hors de question que l'indépendance de la justice puisse servir d'alibi à des agendas politiques», a-t-elle dit, qualifiant de «sinistrée» la situation de la justice qui, selon elle, «connaît la pire période de son histoire».

Mme Labidi a déploré, à ce propos, le manque d’indépendance du parquet ou, plutôt, sa dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif, représenté par le ministère de la Justice, et qui ne permet pas aux magistrats d’accomplir leur mission loin de toute interférence.

I. B. (avec Tap).