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Le discours de Ali Larayedh, chef du gouvernement provisoire, n'a finalement abouti qu'à conforter l'opposition dans son opinion: ce gouvernement est incompétent, arrogant et représente désormais un danger pour la Tunisie.

Par Imed Bahri

Droit dans ses bottes, menaçant, rejetant la responsabilité de tout ce qui ne marche pas dans le pays sur ses adversaires, et n'avançant aucune initiative permettant de transcender la crise de confiance actuelle et d'ouvrir les perspectives d'une sortie de cette crise.

Quant aux dates proposées par M. Larayedh pour les prochaines échéances politiques (achèvement de la rédaction et adoption de la Constitution, fin août, et le 17 décembre pour les prochaines élections), elles n'engagent, bien sûr, que ceux qui y croient. Et pour cause : plusieurs dates avaient été avancées auparavant, mais aucune n'a été respectée. Qu'est-ce qui permet de penser que les dernières dates avancées par M. Larayedh le seront vraiment ?

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Réponse des opposants au discours télévisé de Ali Larayedh: le sit-in du bardo se poursuit. Photo prise lundi après-midi.

Des dates qui n'engagent que ceux qui croient

M. Larayedh a appelé aussi au dialogue. La belle affaire! C'est le millionnième vrai faux appel au dialogue lancé par Ennahdha et ses alliés de la "troika" au pouvoir, et qui n'ont jamais abouti, à cause de l'instransigeance d'Ennahdha et de ses alliés. M. Larayedh aurait dû nous expliquer avec qui l'opposition va-t-elle dialoguer cette fois? Avec Sahbi Atig, Habib Khedher, Habib Ellouze, Sadok Chourou, Ansar Al Charia, les salafistes jihadistes, et toute la nébuleuse islamiste qui tourne autour du gourou Rached Ghannouchi?

Non vraiment, il faut être dupe pour croire encore à ces appels au dialogue... des sourds.   

Quant aux accusations portées contre les opposants, aimablement qualifiés de «putschistes», elles n'honorent pas un chef de gouvernement dont on attend qu'il rassemble les Tunisiens, et non qu'ils les divise davantage et les remonte les uns contre les autres.

On dira autant de ses menaces de faire descendre dans la rue les partisans du gouvernement pour démontrer l'ampleur du soutien dont ce gouvernement bénéficie dans la population.

C'est pathétique et, surtout, dangereux de la part d'un chef de gouvernement, et ex-ministre de l'Intérieur, qui a échoué dans tous les domaines, y compris et surtout, dans la garantie de la sécurité pour les citoyens, et qui, après un troisième assassinat politique en moins de 9 mois, refuse de démissionner et s'accroche au pouvoir comme un affamé.

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Les députés de l'opposition en rangs serrés conduisent le sit-in au Bardo. Photo prise lundi après-midi. 

Un Ben Ali... islamiste  

Restent ses justifications oiseuses de la recrudescence de la violence et du terrorisme à laquelle on assiste aujourd'hui en Tunisie, qui banalisent ces deux fléaux, sans parvenir à masquer l'incapacité de M. Larayedh et de ses équipes à y faire face. En d'autres termes, M. Larayedh dit à peu près ceci, et nous déformons à peine ses propos: «Chères concitoyennes, chers concitoyens, vous allez encore en baver, et du terrorisme et de la violence, car c'est un mal inévitable».

Non vraiment, M. Larayedh a été égal à lui-même, c'est-à-dire arrogant mais nul, peu convainquant, incapable de transcender ses convictions partisanes, d'écouter les doléances de ses opposants et de proposer des scénarios de sortie de crise qui permettent aux Tunisiens de retrouver la confiance, l'espoir et l'union sacrée autour de leur projet de construction démocratique. Et c'est ce qu'on attend, généralement, d'un chef d'Etat digne de ce nom...

Ceux qui espéraient voir Ali Lârayedh prendre rendez-vous avec l'histoire et endosser le costume d'un De Gaulle, par exemple, en ont eu finalement pour leurs frais. Le dirigeant islamiste nous a gratifié d'un discours à la Zine El Abidine Ben Ali ou, pire encore, à la Mohamed Morsi.

Avis de tempête à l'horizon...