Troika TunisieL'image de la «troïka», la coalition au pouvoir, ne cesse de se détériorer aux yeux des Tunisiens. En témoigne la baisse de popularit" des trois présidences provisoires (de la république, du gouvernement et de l'Assemblée nationale constituante).

C'est ce qui ressort d'un nouveau sondage d'opinion réalisé par le cabinet Emrhod Consulting, entre le 19 et le 26 juin, auprès d'un échantillon de 1067 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population tunisienne.

Le taux de satisfaction vis-à-vis du président provisoire de la république, Moncef Marzouki, est ainsi tombé de 59,8% en mars 2012, trois mois après son accession au Palais de Carthage, à 21,4 en juin 2013. Ce taux est certes en hausse de 3 points par rapport à celui de mai dernier (18,4%), mais il reste très bas et traduit un manque de confiance des Tunisiens vis-à-vis de l'institution de la présidence.

L'appréciation du chef du gouvernement provisoire est légèrement meilleure, mais elle s'est, elle aussi, beaucoup détérioré en 16 mois, passant de 61,4% en mars 2012 (à l'époque Hamadi Jebali était aux commandes au Palais de la Kasbah) à 39,1% en juin 2013 (avec Ali Larayedh comme chef de gouvernement). Ce taux était de seulement 27,9% en mai dernier. On peut certes parler d'un redressement spectaculaire en un mois (+ 11 points), mais le score reste très bas.

L'appréciation du travail de l'Assemblée constituante, et de son président Mustapha Ben Jaâfar, est encore catastrophique. Pour preuve: le taux des satisfaits est passé de 50,2% en mars 2012 à 26,1% en juin 2013, après avoir atteint son niveau le plus bas en janvier 2013 avec 17,6%. Après les scènes de folie ordinaire du début de la semaine, où l'on a vu Maherzia Laâbidi, vice-présidente de l'Assemblée qualifier les opposants de «nains» et s'en pendre aux journalistes de la télévision nationale, ce taux risque d'atteindre bientôt les abysses.

Au regard de ce qui se passe actuellement en Egypte, avec la destitution du président Mohamed Morsi par un mouvement de protestation inédit, par son ampleur et sa détermination, dans l'histoire du pays, les dirigeants de la «troïka», et notamment ceux du parti islamiste Ennahdha, devraient s'inquiéter – et comment !? – de la détérioration de leur image dans l'opinion tunisienne. Et pour cause : un remake à Tunis des événements du Caire n'est pas à écarter...

I. B.