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Mohamed Morsi n'est plus président de l'Egypte. Le peuple égyptien, seule source de légitimité, en a décidé ainsi. L'armée nationale a dû se résigner à mettre l'arrogant «raïs» à la porte. Ainsi va la démocratie.

Par Imed Bahri

L'ex-président, bien qu'élu au suffrage universel, n'a pas mis longtemps pour montrer son autoritarisme, sa faim de pouvoir et sa volonté d'instaurer une dictature islamiste. Il a également échoué à gérer les affaires économiques et sociales.

Un Cairote d'un certain âge, qui intervenait sur la chaîne Al-Arabia, a résumé le sentiment des dizaines de millions d'Egyptiens à l'égard du président déchu, en disant: «J'ai vécu sous Nasser, sous Sadate et sous Moubarak. L'année de Morsi a été la pire année de ma vie».

En refusant, contre toute évidence, d'écouter les doléances de son peuple et les appels à la raison de l'opposition, se contentant d'exécuter les instructions venant de la direction de son parti, Mohamed Morsi a désespéré les Egyptiens, y compris un certains nombre d'islamistes, salafistes et autres, qui n'ont pas tardé à se liguer contre lui. Et c'est le petit peuple d'Egypte qui, comme toujours, s'est mis sur sa route et l'a poussé vers la sortie.

L'histoire gardera de Morsi l'image d'un petit pharaon sans consistance, intellectuellement limité, une marionnette manipulée par des gourous tapis dans l'ombre, un dictateur d'opérette qui a fini par faire rire de désespoir un peuple vaillant. Qui en a vu passer, et qui n'a jamais baissé les bras.

«La Tunisie n'est pas l'Egypte» a déclaré, il y a deux jours, Ali Larayedh, le chef du gouvernement provisoire, dans un entretien avec France 24. On aimerait bien le croire, sauf que cette phrase avait déjà été prononcée, mais inversée («L'Egypte n'est pas la Tunisie»), par les partisans de l'ancien président Hosni Moubarak. La suite, on la connait.

Les islamistes tunisiens doivent savoir lire les messages envoyés par la rue égyptienne : la légitimité n'a de sens que par la capacité de transcender l'appartenance partisane, de se mettre au service du peuple dans son ensemble et de se prévaloir, non pas d'une logorrhée politico-religieuse, mais d'un véritable bilan économique et social.

Rached Ghannouchi et ses camarades du parti Ennahdha doivent savoir que ce qui vient de se passer en Egypte aujourd'hui pourrait bien connaître un remake en Tunisie. Et plus rapidement qu'on pourrait le penser, surtout s'ils persistent dans leur volonté d'imposer leurs desseins, unilatéralement, au peuple tunisien au nom d'une légitimité électorale qui est terminée depuis... le 23 octobre 2012.