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Tout en reconnaissant l'amélioration du projet de la constitution, Samir Ettaieb, porte-parole d'Al Massar estime que certains articles constituent «un vrai danger pour l'avenir de la Tunisie».

Par Yüsra N. M'hiri

 

M. Ettaïeb, qui parlait au cours d'une conférence de presse, aujourd'hui, au siège de son parti, à Tunis, a souligné, par ailleurs, son soutien total aux corps de la sécurité face à la montée du terrorisme et appelé tous les citoyens à en faire autant.

Branle-bas de combat contre le terrorisme

Le porte-parole du bureau politique d'Al-Massar a commencé par présenter ses condoléances aux familles et proches des deux officiers, morts la veille, dans l'explosion d'une mine, près de Jebel Châmbi. «Nous avions pourtant prévenu... La violence, cela commence par des mots, pour aboutir à l'agression physique, l'assassinat, le terrorisme et la guerre... Il aurait fallu que le gouvernement ne fasse pas preuve de tant de laxisme», a-t-il enchaîné.

«Les groupes terroristes tunisiens sont forcément aidés par des parties étrangères, et le gouvernement doit être vigilant et rompre avec son laxisme habituel, dont nous récoltons aujourd'hui les fruits amers, tachés du sang de nos hommes», a indiqué M. Ettaieb.

Le député et dirigeant d'Al-Massar appelle le gouvernement à «prendre des mesures radicales dans la lutte antiterroriste, car il ne peut y avoir de dialogue avec ceux qui portent la haine dans leur cœur et les armes dans leurs mains».

Il préconise, à ce propos, de mettre fin à l'état d'urgence, afin que les forces militaires ne soient pas dispersées et puissent se déployer là où la menace terrorisme est la plus forte et faire obstruction ainsi à tous les actes terroristes qui guettent le pays.

Quant aux jihadistes tunisiens qui reviendront de la Syrie, il est important de les suivre et de les accompagner afin de les réinsérer dans la société et non les lâcher dans la nature. «Ce ne sont pas des enfants de chœurs, ils ont été programmés et formés pour tuer. Ils ont tenu des armes à bout de bras et ont certainement les mains tachées de sang», explique encore Samir Ettaïeb.

Meilleure constitution au monde, dites-vous!

Quant au projet de la constitution, le porte-parole d'Al-Massar souligne les améliorations apportées à la deuxième mouture. Il s'empresse cependant d'ajouter que «cela n'est pas suffisant pour que l'on puisse aspirer à un socle politique, basé sur la démocratie et la liberté». Rien n'est perdu, «le dialogue national n'est pas terminé, et nous devons continuer à discuter des articles qui posent problème».

Ce qui fait la faiblesse de l'actuelle version de la constitution, c'est qu'à vouloir parvenir à un compromis et ainsi satisfaire toutes les parties, on a eu recours à des formules assez ambiguës à la fin de certains articles qui en ont changé totalement le sens et la portée.

Par exemple, en parlant des Droits de l'Homme, on a cru utile de préciser: «Dans la mesure où ils sont en harmonie avec les spécificités culturelles du peuple tunisien», ce qui réduit la portée universelle de ces droits.

Il en est de même de cette précision concernant la liberté d'expression, garantie, certes, mais à la condition qu'«elle ne nuise pas à la réputation d'un tiers», ce qui constitue en soi une limitation.

Certaines précisions, ajoutées aux articles pour satisfaire telle ou telle partie, sont inutiles, sèment le flou et laissent beaucoup de liberté à l'interprétation selon la volonté et la convenance du parti qui sera au pouvoir.

Un «tartour» de président

M. Ettaieb revient sur l'article 76, très étonnant à ses yeux, où il débusque une phrase «satanique», ajoutée par Habib Khedher, le très nahdhaoui rapporteur général de la Constitution. Celle-ci limite les pouvoirs du président de la république, dont les décisions doivent être en conformité avec la politique générale du gouvernement, laquelle est décidée par le parlement. «Cela veut dire, que le prochain président sera un ''tartour'' (guignol), en bonne et due forme», conclue-t-il.

L'opposition dans sa majorité a critiqué le brouillon de la constitution, les membres des partis au pouvoir, quant à eux, sont paradoxalement très satisfaits du travail accompli, allant même jusqu'à dire que la seconde constitution tunisienne (après celle de 1959) «est l'une des meilleures au monde».