khademi labidi 5 6Le parti islamiste Ennahdha (au pouvoir) cherche à limoger l'imam de la mosquée Zitouna, Houcine Lâbidi, qui ne compte pas se laisser intimider et appelle à laisser «la maison de Dieu en dehors des considérations électorales.»

«La mosquée Zitouna appartient au peuple. Tout le monde a le droit de prier dans cette mosquée qui reste une institution islamique, éducative et scientifique, et non réservée aux campagnes électorales», a déclaré l'imam Houcine Lâbidi à Kapitalis, à propos du courrier qu'il a reçu, le 27 avril, du ministère des Affaires religieuses via un huissier de justice l'appelant à ne plus mettre les pieds à la mosquée Zitouna.

Une campagne électorale avant l'heure

Cette décision est tombée suite à la campagne animée par plusieurs imams et associations religieuses tunisiennes contre la venue du prédicateur wahhabite égyptien Mohammed Hassen, invité par le parti islamiste Ennahdha pour faire une tournée de prêche en Tunisie et, notamment, une conférence à la mosquée Zitouna.

La grande mosquée «reste le symbole d'un islam modéré et éclairé», a encore déclaré Houcine Lâbidi. Et d'ajouter: «Si Mohammed Hassen vient seulement pour y prier, nous n'avons, en tant qu'imams, aucun droit de l'en empêcher. C'est la maison de Dieu et elle est ouverte à tout le monde. Mais pour y faire un prêche et mener une campagne électorale pour certains hommes politiques – par allusion au parti Ennahdha, Ndlr –, ça, il n'en est pas question. En tant qu'imam, je dois ne pas céder et si le discours va semer la zizanie et la fitna (discorde) dans le pays, je refuse et je suis là pour ça... Surtout que le pays traverse actuellement une situation économique et sociale qui laisse à désirer. Donc, je n'ai pas à céder et je refuse qu'il y ait des discours à la mosquée qui vont encore attiser la colère de plusieurs Tunisiens».

Habib Ellouze, Sadok Chouri et les autres peuvent aller ailleurs!

Le courrier que notre interlocuteur a reçu du ministère des Affaires religieuses contient, selon lui, une menace. Et cette menace est fondé sur la loi 88 promulguée par Ben Ali pour mettre la main sur les mosquées, et non pas sur la loi 58 plus appropriée. «Et là c'est grave », souligne cheikh Lâbidi. Car, explique-t-il «l'Etat doit comprendre que la mosquée Zitouna ne dépend plus du ministère et il y a eu un accord à ce sujet signé il y a un an. Cette décision vient d'être condamnée par des imams du Maroc et même de la mosquée Al-Azhar d'Egypte. Tous me soutiennent et ils sont invités à Tunis ce dimanche pour célébrer le premier anniversaire de l'autonomie de la Zitouna».

M. Lâbidi, qui ne compte pas céder aux menaces du ministère, a ajouté qu'il n'est pas question de laisser les politiques faire leur loi et «utiliser la mosquée Zitouna comme espace pour faire des discours politiques ou idéologiques, de type wahhabite. Habib Ellouze, Sadok Chouri et les autres peuvent aller ailleurs».

Zohra Abid