raja ben slama habib khedher 5 4Le juge d'instruction du tribunal de première instance de Tunis a auditionné, vendredi, l'universitaire Raja Ben Slama, accusée de diffamation par le député d'Ennahdha Habib Khedher.

Mme Ben Slama a été auditionnée dans le procès de diffamation intenté à son encontre par l'élu d'Ennahdha à l'Assemblée nationale constituante (Anc) et rapporteur général de la constitution Habib Khedher, en vertu de l'article 128 du code pénal.

Une nouvelle dictature restrictive des libertés

A la sortie du tribunal, Mme Ben Slama a déclaré que cette affaire s'inscrit dans le cadre de la restriction des libertés. Elle a ajouté : «Comme il a pu imposer la version de l'article 26 relatif à la liberté d'expression proposée par son parti, Habib Khedher a déformé mes propos, estimant qu'ils le visent personnellement. Je ne connais pas Habib Khedher en personne et sa vie privée ne me concerne pas, j'ai juste soulevé une question ayant trait à l'éthique politique».

Le président du comité de défense de Raja Ben Slama Me Abada Kefi a déclaré à l'agence Tap que «le fait d'attribuer le titre de fonctionnaire public à Habib Khedher est illégal», ajoutant: «Voilà pourquoi nous avons demandé de classer l'affaire.» Me Kefi a ajouté cependant que la défense détient des documents et des témoins qui seront présentés à la justice.

De son côté, l'avocate Bochra Ben Hamida a relevé des irrégularités de forme et de fond dans cette affaire, estimant que sa cliente a entretenu les mêmes remarques formulées, auparavant, par les constituants Mourad Amdouni et Selma Baccar eux-mêmes sur l'article 26. Elle a ajouté que cette affaire vise quiconque critique un responsable politique et constitue un glissement vers une nouvelle dictature restrictive des libertés au moment où la Tunisie planche sur une nouvelle constitution pour tous les tunisiens.

Un mouvement de solidarité avec Raja Ben Slama s'est formé, à cette occasion, devant le palais de justice au cours duquel des universitaires et des défenseurs des droits de l'homme ont clamé des slogans clamant la garantie de la liberté d'expression et des libertés académiques.

Le droit de critiquer les personnalités publiques

Le doyen de la faculté de La Manouba, Habib Khazdaghli, a indiqué que sa collègue a exercé son droit à l'expression, soulignant que cette pratique des procès vise essentiellement l'élite intellectuelle et la liberté d'expression et constitue une tentative d'instrumentaliser la justice. «Nous ne défendons pas la diffamation ni les atteintes aux personnes mais nous revendiquons le droit de critiquer l'action des personnalités publiques», a-t-il ajouté.

Un mandat d'amener avait été délivré contre Raja Ben Slama pour propos diffamatoire contre un fonctionnaire public dans l'exercice de ses fonctions en vertu de l'article 128 du code pénal qui stipule : «Est puni de deux ans d'emprisonnement et de 120 dinars d'amende quiconque, par discours publics, presse ou tout autre moyen de publicité, impute à un fonctionnaire public ou assimilé des faits illégaux en rapport avec ses fonctions sans en établir la véracité.»

I. B. (avec Tap).