Manif Ennahdha Les services de Ali Lârayedh présentent deux estimations du nombre de manifestants islamistes cet après-midi au centre-ville de Tunis : 16.000, puis 60.000...

 

Khaled Tarrouche, chargé de la communication auprès du ministère de l'Intérieur, annonce aux journalistes de Nessma et Watania 2, qui en font part aux téléspectateurs, que le rassemblement d'Ennahdha, cet après-midi, au centre-ville de Tunis, a réuni 16.000 personnes.

Ce chiffre est, en soi, très exagéré. Les journalistes présents sur place ont estimé ce chiffre à 10.000 à tout casser.

Mais voilà que le ministère de l'Intérieur corrige sa copie, dans un communiqué publié en fin d'après-midi sur sa page officielle Facebook https://www.facebook.com/ministere.interieur.tunisie?ref=ts&fref=ts, mais pas dans le sens que l'on attendait, puisqu'il annonce (tenez-vous bien !), 60.000 personnes.

Pour justifier cet écart faramineux, le ministère de l'Intérieur explique que le nombre de manifestants était 16.000 vers 15 heures avant d'atteindre 60.000 vers la fin du rassemblement, à 17 heures. Et cela est très peu convaincant pour ne pas dire complètement faux.

D'abord, l'avenue Habib Bourguiba, à supposer qu'il soit plein de bout en bout, ne saurait contenir, du Port de France jusqu'à la station du TGM, ce nombre surréaliste : 60.000 personnes.

Cet après-midi, et les images font foi, il n'y avait foule que dans des endroits très limités, devant le théâtre de la ville de Tunis et devant le ministère de l'Intérieur. Il y aurait, au mieux et en calculant large, entre 8.000 et 10.000 personnes.

Comment expliquer ce saut olympique effectué par le ministère de l'Intérieur de 16.000 à 60.000 manifestants sinon que par un coup de téléphone intempestif et des cris au bout du fil de la part d'un dirigeant du parti islamiste Ennahdha au pouvoir, soucieux de montrer la capacité de mobilisation de son mouvement, aujourd'hui divisé et au bord de l'implosion.

Peut-on encore, face à ces pratiques qui rappellent l'ancien régime, faire confiance à Ali Lârayedh, ministre nahdhaoui de l'Intérieur, et au parti Ennahdha qui domine actuellement les appareils de l'Etat tunisien? Est-ce qu'on peut faire confiance à de pareils services et hauts cadres pour veiller à la transparence des prochaines élections?

Hamadi Jebali, chef du gouvernement et secrétaire général d'Ennahdha ne s'y est pas trompé – il connaît bien les siens –, en annonçant son projet de gouvernement de compétences nationales indépendantes des partis politiques.

I. B.