ghannouchi 16Le président du mouvement islamiste Ennahdha a eu une phrase pour le moins malheureuse, mais qui trahit les velléités dictatoriales de Rached Ghannouchi et de ses partisans.

M. Ghannouchi, entouré de ses faucons, a pris la parole à la maigre «milliounia» organisée samedi dernier par son parti sur l'avenue Habib Bourguiba au centre-ville de Tunis.

Après avoir critiqué les médias «banafsaji» (mauve, c'est-à-dire hérités de l'ancien régime), et réitéré son rejet du projet de gouvernement de compétences indépendantes des partis, préconisé par le chef du gouvernement Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha – ce qui traduit une forte division au sein de ce parti –, Cheikh Ghannouchi, piètre tribun, maladroit et emprunté, a lâché une phrase qui en dit long sur les convictions démocratiques de ce disciple des Frères musulmans alliés des salafistes wahhabites.

«Ennahdha ne lâchera jamais, jamais le pouvoir», a-t-il lâché, inconscient, sans doute, de la gravité de sa déclaration, qui trahit les véritables dispositions actuelles d'Ennahdha : le parti qui a pouvoir actuellement en Tunisie par les urnes semblent déterminé à ne plus lâcher. Plusieurs indices traduisent cette volonté d'imposer une nouvelle dictature, religieuse cette fois. Pas encore d'agenda politique clair, pas de dates pour les prochaines élections, pas d'Instance supérieure pour les élections (Isie), pas de Haute autorité pour la communication audio-visuelle (Haica), aucune date pour l'achèvement de la nouvelle constitution...

Tout indique qu'Ennahdha s'installe dans la durée, impose son contrôle sur tous les rouages de l'Etat, et remet en place le système du parti-Etat que les Tunisiens ont cru avoir chassé définitivement un certain 14 janvier.

La petite phrase de Ghannouchi résume tout...

I. B.