Obsèques Chokri Belaid - Bassma Belaïd

La fille du martyr a dit: «Mon père a vécu en militant, il est mort en héros». Ce que son père dira autrement: «A la vue de la foule de Tunisiens partageant les idéaux de mon fils, j'estime que son sacrifice n'aura pas été pour rien»

Par Rachid Barnat

 

Une foule immense a voulu rendre un dernier hommage au martyr Chokri et l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure au Jallez dans le carré réservé aux martyrs de la lutte pour l'indépendance et aux grands hommes de la République.

La police estime à 1.400.000 manifestants venus de partout et convergeant tous vers le cimetière du Jallez. Il est probable que le chiffre soit en dessous de la réalité.

Tous ont bravé le froid et la pluie pour accompagner un militant authentique aimé par beaucoup pour sa proximité avec les Tunisiens pauvres. Le cortège était accompagné et protégé par les militaires.

Comme l'a souhaité la famille de Chokri, aucun membre de la «troïka» au pouvoir n'était présent, coupable de n'avoir pas protégé

Chokri Belaid bien que Marzouki et d'autres responsable le savaient menacé de mort !

Un pouvoir laxiste et connivent

Les Tunisiens découvrent la grande dame qui est derrière Chokri Belaid: sa femme Basma Khalfaoui, avocate et militante elle aussi.

Elle est restée digne jusqu'au bout. Elle demandé à tous ceux qui veulent accompagner son mari qu'ils le fassent dans l'ordre, le calme et la dignité. Et les manifestants, malgré leur nombre, se sont montrés dignes calmes et pacifiques.

Dans de nombreuses villes, des Tunisiens sont sortis en grand nombre pour dire leur colère au pouvoir qui a permis par son laxisme et sa connivence avec les salafistes et la pseudo Ligue de la protection de la révolution (LPR), qui n'est autre que la milice d'Ennahdha; que Chokri Belaid soit assassiné! Et comme il fallait s'y attendre, des miliciens du pouvoir, ont été déversés à proximité du cimetière pour perturber les funérailles. Des témoins les ont vus arriver dans une camionnette et se garer derrière l'hôpital militaire, certains armés de bâtons.

Malgré les provocations, la foule est restée digne et calme.

Il y a eu saccages et cambriolages des voitures aux alentours du cimetière par les miliciens (âgés de 15 à 19 ans semble-t-il), pour imputer le désordre aux démocrates progressistes accompagnant le cortège funéraire. Les caméras juchées sur les toits filmaient leur manège qui ne dupe pas les Tunisiens : on les voit par leur mouvement en groupe et en mouvement tel des moutons obéissant à un berger qui les dirige par téléphone portable pour créer le trouble, la panique, et le désordre... parmi une foule immense restée imperturbable !

Le déshonneur d'Ennahdha

Les «organisateurs nahdhaouis» derrière ce cirque se sont démasqués, se sont déshonorés en ne respectant même pas ce deuil et ne sont que ridicules et indignes! Nous le savions, nous en avons une claire confirmation. Certains ont même jeté des pierres en direction du cortège funèbre. Mais les Tunisiens sont restés unis dans le calme donnant, ainsi, une belle leçon à ceux qui ne respectent même pas le deuil d'une famille. Honte à eux!

Puis Hamma Hammami a rendu un vibrant hommage à son ami et frère Chokri Belaid. Et la foule s'est dispersée dans le calme, prouvant une fois de plus le sens civique des Tunisiens et montrant ce qu'était le peuple tunisien : un peuple civilisé! 

A la différence des casseurs violents dont la police connaît de toute évidence la provenance grâce aux caméras et aux photos... et contre lesquels, comme d'habitude, elle ne fera rien!

Repose en paix Chokri ! Tu peux être fier: désormais, les Chokri se comptent par milliers !

Ta fille, fière de toi, a dit: «Mon père a vécu en militant, il est mort en héros».

Ce que ton père dira autrement: «A la vue de la foule de Tunisiens partageant les idéaux de mon fils, j'estime que le sacrifice de mon fils n'aura pas été pour rien»!

Songes que ton nom est maintenant connu et respecté dans toute la Tunisie, du Nord au Sud, d'Est en Ouest, dans toutes les villes et villages. Des enfants vont naître qui dans l'avenir qui n'existe pas encore, pendant des années et des années aimeront et respecteront le nom d'un homme digne qui s'est battu pour ses idées et pour la liberté.