Abdellatif Abid Sadok ChourouLes dirigeants d'Ennahdha intercédant pour les membres de leurs familles auprès de l'administration se multiplient. C'est le cas du député Sadok Chourou auprès du ministère de l'Education.

 

L'affaire a été révélée par nos confrères d'''Assabah News'', qui ont publié le fac-similé de la lettre envoyée par Hajer Bent Sadok Chourou au ministre de l'Education Abdellatif Abid, issu d'Ettakatol, sollicitant sa «nomination» (sic !) comme professeur de l'enseignement secondaire «dans l'un des lycées de Ben Arous» (re-sic !), banlieue sud de Tunis.

Hajer Bent Sadok Chourou est, comme son nom l'indique, la fille du député d'Ennahdha et ex-président du mouvement islamiste tunisien Sadok Chourou. Dans sa lettre, elle sollicite un poste sur mesure... sans passer par les concours habituels, notamment le Capes, et autres procédures administratives de sélection. Son principal atout: elle est la fille de... Cela signifie qu'elle demande un passe-droit. Ce qui, on l'imagine, sera moyennement apprécié par les quelques 200.000 diplômés chômeurs que comte le pays.

Lettre Chourou

Fac-similé de la lettre de Hajer Bent Sadok Chourou au ministre de l'Education.

Le plus croustillant dans cette affaire, c'est que le ministre – qui sait à qui il doit son poste – s'est montré plutôt complaisant. Pour preuve : les instructions qu'il a notées, par sa propre main, à la marge de la lettre. «Un cas qui mérite tout l'intérêt pour la gravité de l'injustice infligée à sa famille et à son père», a écrit M. Abid, en ajoutant devant le nom du père de la requérante: «Membre de l'Assemblée nationale constituante et ancien détenu politique très célèbre».

Hajer Bent Sadok Chourou n'a visiblement pas été recrutée comme enseignante, son dossier a dû être jugé inconsistant, ou moins méritoire que celui d'autres candidats. Elle a cependant été recrutée, hors concours, en tant que conseillère éducative, une fonction créée récemment au sein du ministère de l'Education, souligne ''Assabah News''.

Quoi qu'il en soit, lors d'une récente audition à l'Anc, M. Abid a eu droit à une volée de bois vert de la part de Sadok Chourou, pourtant censé être son allié au sein de la «troïka» au pouvoir. Il a payé pour son «ingratitude» et son «manque de reconnaissance» pour ceux qui l'ont fait ministre!

Reste que la fuite d'un fac-similé de la lettre de Hajer Bent Sadok Chourou, qui plus est, maintenant, n'a qu'une seule explication plausible: c'est une vengeance du ministre, auquel Ennahdha a déjà choisi un successeur en la personne de Mohamed Goumani!

I. B.