Tunisie : ''Nawaat'' soupçonne un lien entre Ennahdha et le trafic d'armes impliquant Fathi Dammak

Les informations publiées, aujourd'hui, par nos confrères de ''Nawaat.org'', sont graves et méritent d'être analysées, affinées et vérifiées davantage. Tant elles sont inquiétantes.

Selon nos confrères de ''Nawaat.org'', qui ont révélé les projets de trafic d'armes et d'assassinat d'hommes d'affaires et de journalistes, dans laquelle est impliqué le promoteur immobilier Fathi Dammak, aujourd'hui en état d'arrestation, cette affaire serait un arbre qui cacherait la forêt d'un réseau encore plus important, impliquant des éléments proches, à la fois, des Ligues de protection de la révolution, du parti Ennahdha, du ministère de l'Intérieur et de celui de la Justice, et qui chercherait des financements pour s'armer et lancer d'éventuelles opérations de liquidations et d'assassinats.

Dans cette affaire, Fathi Dammak et son fils Sadok, piégés par des membres du réseau, serviraient de leurre ou de boucs-émissaires.

Belhassen, Ali, Kaïs et les autres

Selon nos confrères Houssem Hajlaoui, Malek Khadhraoui et Ramzi Bettaibi, qui ont publié le fruit de leur enquête, aujourd'hui, sur ''Nawaat.org'', sous le titre «Une affaire de trafic d'armes présumée révèle un appareil parallèle lié à Ennahdha», les deux personnes, qui apparaissent dans les fameuses vidéos impliquant l'homme d'affaire Fathi Dammak seraient liés à Ennahdha.

«Le personnage dénommé ''Belhassen'', qui avait effectué la transaction préliminaire de l'achat d'armes avec Fathi Dammak et qui avait participé à la planification d'assassinats et de kidnappings avec le même homme d'affaire, n'est autre que Belhassen Nakache, un membre actif d'Ennahdha du bureau de Yasminet, Madina Jadida, à Ben Arous, président de la délégation de la Ville Nouvelle (Madina Jadida) au sein de la municipalité de Ben Arous et fonctionnaire de la Société nationale des chemins de fer (Snct)», écrivent les confrères. Ils ajoutent: «Le personnage dénommé "Ali", qui apparait fréquemment dans les vidéos, s'appelle Ali Ferchichi. Il possède une société de services et il se déclare aussi membre d'Ennahdha. Dans une des vidéos en notre possession, (il y a) une discussion entre Ali, Belhassen, et un certain "Kais", que nous n'avons pas pu identifier, (qui) évoquent le déclenchement de l'opération par un dénommé "Kamel" qui serait selon eux un membre du parti Ennahdha. Notre source, quant à elle, nous confie qu'il s'agit d'un haut cadre du parti sans nous divulguer son identité complète. Dans la compilation suivante on voit Belhassen et Ali discutant en tant que membres et militants du parti Ennahdha.»

Des personnages interlopes qui traficotent

Les éléments présentés par nos confrères Nawaat méritent d'être analysés, affinés et vérifiés davantage, tant il est vrai que les accointances soulignées entre tous les protagonistes, si elles renvoient à l'entourage d'Ennahdha et du gouvernement, les liens méritent d'être mieux étayés par des preuves tangibles.

Mais, dans tous les cas, l'affaire est assez inquiétante, car elle met en scène des miliciens prêts à tout pour plaire à leurs bailleurs de fonds, des hommes d'affaires au passé très douteux, des enquêteurs de police pour le moins dépassés (ou embarrassés) et des apprentis James Bond qui s'espionnent les uns les autres. Et, pour ne rien arranger, des personnages interlopes qui traficotent, font des filatures et cherchent à acquérir des armes... Brrr!

I. B.