Tunisie : «Les gouvernements passent mais l’Ugtt reste», déclare Houcine Abassi«Les gouvernements passent mais l'Ugtt reste et sera toujours une organisation indépendante dont la principale mission est de servir l'intérêt supérieur du pays», a déclaré, jeudi, Houcine Abassi.

Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui s'exprimait lors d'un point de presse, tenu jeudi, au lendemain de la signature d'un accord entre le gouvernement et l'organisation syndicale stipulant l'annulation de la grève générale prévue pour aujourd'hui, a mis l'accent sur le rôle important de l'Ugtt aussi bien au niveau national que social.

«Il est temps de relancer l'initiative de l'Ugtt et d'ouvrir le dialogue entre les acteurs de la scène politiques pour parvenir à un consensus sur les prochaines échéances et à une feuille de route pour les prochaines élections», a aussi déclaré Houcine Abassi.

L'indépendance de l'Ugtt n'est pas négociable

Revenant sur les raisons qui ont poussé l'organisation à prendre la décision de la grève générale, le responsable syndical a rappelé que celle-ci a été prise suite aux «agressions successives qui ont ciblé les syndicalistes et les locaux de l'organisation ouvrière».

Il a estimé que «ces agressions qui ont été planifiés, organisés et probablement financés visaient à mettre en cause l'indépendance de l'Ugtt», affirmant qu'«aucune partie ne pourra parvenir à réaliser ces desseins et que seules les bases et les structures de l'Ugtt sont habilités à introduire des changements au sein de l'organisation par voie démocratique à travers des élections».

«Les gouvernements passent mais l'Ugtt reste et sera toujours une organisation indépendante dont la principale mission est de servir l'intérêt supérieur du pays», a-t-il précisé.

«C'est justement dans le souci d'éviter la montée des violences et d'apaiser les tensions que l'Ugtt a décidé d'annuler la grève générale», a ajouté Abassi.

Les termes de l'accord avec le gouvernement

Le secrétaire général de l'Ugtt a rappelé que l'accord conclu avec le gouvernement stipule que celui-ci s'engage à garantir la protection et la défense des organisations et des personnes et à condamner les agressions commises contre les syndicalistes le 4 décembre dernier.

L'accord prévoit, également, l'ouverture d'une enquête judiciaire sur cette affaire et la constitution d'une commission mixte (gouvernement-Ugtt) pour enquêter sur les agressions menées par les «ligues de protection de la révolution» – considérées comme des milices d'Ennahdha – à l'encontre de l'Ugtt.

La commission, qui sera créée dans un délai de 10 jours à compter de la date de signature de l'accord, est tenue de présenter au bout d'un mois son rapport au chef du gouvernement qui le transmettra, à son tour, à la justice.

«Nous allons assurer le suivi de ce dossier et voir si ce rapport sera juste et équitable», a-t-il souligné, faisant savoir que la commission administrative se réunira au moment opportun pour évaluer le rapport et prendre les décisions qui s'imposent.

Abassi a fait part de son souhait de voir «ce feuilleton de la violence prendre fin», mettant l'accent sur l'impératif d'ouvrir un dialogue à grande échelle autour de ce sujet, d'apaiser les tensions et surtout de parachever l'élaboration de la nouvelle constitution de la Tunisie qui doit garantir la protection de tous les droits et libertés, rompre avec la violence et favoriser la cohabitation entre toutes les composantes de la société.

I. B. (avec Tap).