La Tunisie organise une conférence sur les minorités... en l'absence des minoritésLe ministère des Affaires religieuses organise une conférence internationale sur les minorités dans le monde musulman... en l'absence de représentants de ces minorités!

 La Tunisie a abrité, les 19 et 20 novembre, la première conférence internationale sur la citoyenneté et les minorités dans le monde musulman, organisée à l'initiative du ministère des Affaires religieuses, en collaboration avec l'Islamic Society of North America et le Global Centre for Renewal and Guidance (Gcrg).

Cette conférence, qui a vu la participation d'une pléiade de théologiens musulmans et d'experts de Tunisie, Maroc, Liban, Koweït, Syrie, Algérie, Mauritanie et Etats-Unis d'Amérique, été marquée par l'absence de représentants des minorités en question : ni juifs ni chrétiens ni bouddhistes ni zoroastriens... Il fallait le faire!

Cette absence a d'ailleurs été soulignée par l'Association tunisienne de défense des minorités (Atdm) qui a publié une déclaration dans laquelle elle s'étonne aussi que son association n'ait pas été impliquée dans cette rencontre. L'Atdm estime que l'absence de communication avec la société civile de la part du ministère des Affaires religieuses est annonciatrice d'agenda idéologique particulier, relevant au passage l'absence des représentants des minorités religieuses en Tunisie dans cette conférence.

Abdallah Ben Baya, président du Gcrg, l'un des organisateurs de la conférence, a fait remarquer, dans sa communication, que la question des minorités risque de devenir un piège qui menace les nouvelles révolutions, rappelant que la civilisation musulmane fut à une certaine époque la seule à reconnaître le droit des cultes aux minorités.

Le président du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir), Rached Ghannouchi, a indiqué, pour sa part, que la montée au pouvoir des mouvements islamistes, après l'avènement du printemps arabe, a suscité la crainte de voir les droits des minorités bafoués.

Il a fait remarquer, à ce propos, que l'actuelle majorité en Tunisie était opprimée par la dictature d'une minorité avant que le printemps arabe ne rétablisse la situation, ajoutant que la démocratie ne signifie pas seulement le droit de la majorité à exercer le pouvoir, mais aussi le droit de la minorité à défendre ses intérêts et ses ambitions.

I. B. (avec Tap).