Ameur Lârayedh, élu d’Ennahdha à la Constituante, n’écarte pas la possibilité de privatiser les médias publics, et appelle à organiser un référendum à ce sujet.


M. Larayedh, qui participait lundi soir à l’émission de débat politique, ‘‘Haq Al-Ikhtilaf’’ (Droit à la différence), animé par Ihab Chaouch, avec deux autres invités, Maya Jeribi, députée nouvellement élue secrétaire générale du Parti Républicain (Groupe démocratique à la Constituante), et Adnene Mnasser, porte-parole officiel de la Présidence de la république, a critiqué les médias tunisiens, publics et privés, et souligné que la plupart des journalistes tunisiens ont servi l’ancien régime et défendent aujourd’hui les intérêts des rescapés de ce régime. Ce qui n’est pas totalement faux, loin s’en faut.

M. Lârayedh, qui est le frère de Ali Lârayedh, ministre de l’Intérieur, a laissé entendre au passage que son parti, Ennahdha, pourrait soutenir le projet de privatisation des médias publics. Sur l’insistance de Mme Maya Jeribi, qui voulait savoir s’il exprimait là une proposition de son parti, M. Lârayedh a renvoyé la balle au public: «Il y a une partie de l’opinion qui soutient cette idée. Faites un référendum, posez la question aux Tunisiens et vous verrez ce qu’ils répondront».

Les mots de M. Lârayedh résonnent comme une menace : si les journalistes employés des médias publics ne montrent pas plus de complaisance (ou moins de sévérité) vis-à-vis du gouvernement contrôlé par Ennahdha, l’épée de Damoclès de la privatisation, qui pèsent désormais sur leur tête, pourrait alors tomber. Autant dire que nous assistons là à une nouvelle tentative d’Ennahdha et du gouvernement qui en est issu de mettre la main sur l’outil médiatique, en prévision des prochaines joutes électorales. Qu’en pensent les Tunisiens?

I. B.