Les Tunisiens ont cru que le monde de la censure fut enterré avec l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce) de Ben Ali. Apparemment, ce n’est pas le cas.


Depuis deux semaines, les Tunisiens n’ont pu trouver dans les kiosques à journaux ni ‘‘L’Express’’ ni ‘‘Le Point’’. Chez les lecteurs fidèles, il y a des doutes : la censure est elle de retour ?

Interrogé par Kapitalis, le 31 décembre, à propos d’un hors-série de ‘‘L’Express’’ non distribué à Tunis, Slah Ennouri, directeur de la Société tunisienne de presse (Sotupresse) a répondu que les agents de la société au fret de l’aéroport international de Tunis Carthage n’ont pas réceptionné le dernier numéro. Et d’ajouter que le numéro en question qui contenait une représentation du prophète n’avait aucune chance d’être distribué. «Je ne courrais pas le risque de le mettre en vente», a-t-il précisé.

Cette information parue sur Kapitalis, samedi dernier, a attisé la colère des lecteurs qui n’ont pas trouvé non plus le n° 22 de l’autre hebdomadaire français ‘‘Le Point’’. Là, ça commence à être sérieux. Le tout Tunis en parle depuis. Ce qui a contraint M. Ennouri à publier mardi un communiqué niant catégoriquement qu’il ait empêché la distribution des deux magazines, d’autant qu’il n’a pas reçu d’exemplaires des deux publications.

Selon le même communiqué, le directeur de la Sotupresse a été contacté par ‘‘Le Point’’ l’informant que la revue ne sera pas distribuée car le numéro a suscité plusieurs problèmes dans le monde arabe. «Par respect aux valeurs sacrées de l’islam et du peuple tunisien, la Sotupresse n’aurait pas distribué les deux numéros en question, parce qu’il y a atteinte inacceptable à la religion musulmane», lit-on dans le communiqué.

Quelqu’un a-t-il compris quelque chose ? Résumons-nous : M. Ennouri n’a pas réceptionné les deux magazines que leurs éditeurs assurent pourtant avoir envoyé à Tunis, en précisant même les vols et les horaires. A quoi bon d’ailleurs les envoyer puisque, de toute façon, M. Ennouri dit qu’il ne se permettrait pas de diffuser des magazines qui portent atteinte à la religion islamique.

En voilà un à qui on ne va pas apprendre la censure…

Z. A. (avec la Tap)

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