Ce titre, personne parmi ses innombrables détracteurs ne saura le lui contester. A 27 ans, Lina Ben Mhenni est, dans l’histoire, la première Arabe et Tunisienne à être candidate au Nobel de la Paix.

Par Zohra Abid


Professeur d’anglais à l’université (et blogueuse), Lina Ben Mhenni pourrait avoir le prix Nobel de la Paix. C’est le comité de ce prix qui l’a proposée aux côtés des Egyptiens Wael Ghonim et Israa Abdelfattah.


Lina Ben Mhenni durant la campagne contre la censure sur le Web "Sayeb Salah" en mai 2010.

La jalousie est une mauvaise conseillère

«Je viens d’apprendre hier la nouvelle. C’est via Amira Houcine de Globel Voice qui a félicité les trois candidats, les deux Egyptiens et moi-même pour représenter la Tunisie», nous a déclaré Lina Ben Mhenni, encore sous l’effet de la surprise. Car, elle ne s’y attendait pas du tout. N’empêche qu’elle se dit choquée, mais par autre chose : la campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux dont elle est la cible depuis que la nouvelle a été ébruitée. Au lieu de se féliciter du fait qu’une jeune cyber-activiste, qui a contribué à la révolution du 14 Janvier, soit distinguée, des cyber-activistes tunisiens se sont déchaînés contre elle. Jalousie ? Haine de soi ? Manque de patriotisme ? Il y a un peu de tout cela à la fois. La bêtise, on le sait, n’a pas de limite.

«Il s’agit après tout d’un honneur pour la Tunisie. Si c'est moi, je vais dédier ce prix aux martyrs et autres victimes de mon pays», nous dit Lina, presque triste, en tout cas écœurée par le comportement de certains de ses compatriotes. «Lorsque je vois les Egyptiens qui ont plus de chance que moi (car ils sont déjà deux) magnifiant leurs candidats et faisant circuler des vidéos montrant au monde que l’Egypte est la première à faire la révolution pacifique, ça m’irrite», ajoute-t-elle sur une note amère. Alors que nous essayons de la consoler en lui exprimant notre joie et notre fierté face à cette distinction qui rejaillit sur tous les Tunisiens, Lina reste perplexe : elle a du mal à comprendre «le comportement des Tunisiens qui, au lieu de bâtir, comme les Egyptiens, ne font que démolir les projets et les personnes.»

Les démolisseurs des projets et des personnes

Lina Ben Mhenni est une militante du web à travers son blog ‘‘A Tunisian Girl’’. Risquant gros durant le régime Ben Ali, elle a témoigné dans les trois langues (arabe, français et anglais) tous les jours de la répression des manifestants pendant les événements de la révolution. Les scènes de violence survenues à Regueb et Sidi Bouzid qu’elle a diffusées le 9 janvier ont marqué le monde entier.

Lina Ben Mhenni a reçu en avril dernier l’International Blog Awards (le prix de la meilleure blogueuse) décerné par la Deutsche Welle, aux militants des droits de l’Homme et de la liberté de la presse et d’expression.

Kapitalis félicite notre chère blogueuse nationale et lui souhaite d’être la lauréate finale du prix et de faire le voyage d’Oslo. Ne fût-ce que pour faire taire définitivement ses médiocres détracteurs.