Monom-Turki-HaicaUn animateur de la chaîne ZitounaTV déchire, en direct, une correspondance de la Haica, en affirmant que sa chaine ne paiera pas l’amende que celle-ci lui a été infligée.

Jeudi 9 octobre 2014, Monom Turki, présentateur de l’émission ‘‘Entre la charia et la loi’’, diffusée par cette chaîne proche du parti islamiste Ennahdha, a fustigé la Haica, l’autorité de régulation, qu’il a accusée de «museler la liberté d’expression.» Pas moins?

Le présentateur a reproché à la Haica d’être injuste et partiale pour avoir annulé les amendes décidées contre les chaînes Nessma et Hannibal, et de n’avoir pas fait de même pour ZitounaTV.

Il a omis, bien sûr, de préciser que ces deux chaînes ont fait amendes honorables, grâce à la médiation menée par l’UGTT, et signé le cahier des charges, rendant l’amende caduque. Ce que Zitouna TV n’a pas encore fait. Et si elle refuse de se plier à la loi et de signer le cahier des charges, c’est parce que ce texte l’oblige à la transparence, et notamment sur le chapitre de son financement.

Le présentateur a omis également de préciser que Zitouna TV a écopé d’une 2e amende, le 8 octobre 2014, pour avoir diffusé un spot de publicité politique en faveur d’Ennahdha, ce qui est interdit par l’article 45 du décret-loi 116 relatif à la communication audio-visuelle et l’article 57 de la loi électorale.

Monom Turki s’est contenté de lancer: «Ennahdha est un grand parti politique et n’a rien à attendre d’un spot publicitaire de Zitouna TV». Avant de s’attaquer aux autres chaines et de les accuser de ne pas être neutres et indépendantes. «Elles font de la publicité politique mais vous faites la sourde oreille, puisque vous n’êtes pas indépendant», a-t-il lancé à l’adresse de la Haïca.

Ce qui est une contre-vérité absolue : car aucune autre chaîne, à ce jour, n’a diffusé un spot de publicité politique et la Haica est bien indépendante puisqu’elle a déjà sanctionné plusieurs autres chaînes pour manquements à la déontologie de la profession.

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Monom Turki déchire en direct le courrier de la Haica.

Monom Turki, aveuglé par la colère, a oublié qu’en s’attaquant à la Haïca, il défie l’Etat tunisien, puisque l’instance chargée de la régulation audiovisuelle est une institution constitutionnelle. La protection d’Ennahdha le met-elle au-dessus des lois de la république?

«Tout comme on n’a pas payé la précédente amende, on ne paiera pas celle-ci. De toute façon, on ne reconnait pas la Haïca. La caravane passe…», a-t-il conclu.

Y. N. M.

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