Azyz-Amami-BlogueurPlusieurs partis politiques ont exprimé leur soutien au blogueur Azyz Amami, arrêté pour détention et consommation de cannabis, et demandent sa libération immédiate.

Le blogueur avait été arrêté dans la nuit de lundi 11 à mardi 12 mai 2014, à la Goulette, dans la banlieue nord de Tunis, en compagnie du photographe Sabri Ben Mlouka. Les deux hommes ont été placés en garde à vue.

L'avocat d’Azyz Amami avait indiqué, mardi, à l'agence Tap, que l'accusation de détention et de consommation de stupéfiants n'était pas encore confirmée.

Accusations montées de toutes pièces?

Le parti libéral Afek Tounes a condamné, mercredi, dans une déclaration, l'usage excessif de la force lors de l'interpellation du blogueur, mettant en garde contre la «gravité de ces pratiques qui, dit-il, avaient cours sous l'ancien régime».

Tout en dénonçant «les accusations montées de toutes pièces contre les activistes politiques», Afek Tounes impute le retour de telles pratiques au gouvernement représenté par le ministre de l'Intérieur et appelle à y faire face.

Al-Massar (centre-gauche) exprime, quant à lui, son soutien total à Azyz Amami, et craint que le blogueur soit pénalisé pour son activisme politique. A cet égard, le parti d’Ahmed Brahim plaide pour le respect des garanties prévues par la loi, dont le respect de la présomption d'innocence et de l'intégrité physique des prévenus et appelle à l'ouverture d'une enquête urgente et transparente sur les circonstances de l'interpellation.

Ettakatol (centre-gauche) estime, dans une déclaration rendue mardi, que l'arrestation de Azyz Amami et Sabri Ben Mlouka pour consommation de substance stupéfiante pose à l'ensemble de la classe politique et de la société civile, et particulièrement au gouvernement et aux responsables de l'Etat, une question cruciale qui intéresse les jeunes (garçons et filles).

«Cette nouvelle interpellation nous incombe une grande responsabilité», écrit Ettakatol, estimant qu'il n'est plus permis de négliger ce fléau qui doit être circonscrit grâce à une meilleure communication sur ses effets dangereux sur la santé.

Révision de la loi n°52 de 1992

Ettakatol appelle, par conséquent, les autorités judiciaires à libérer Amami et Ben Mlouka ainsi que tous les jeunes qui ne sont pas accusés de trafic de drogue et demande la modernisation de la loi afin de prévenir et de réduire les risques de délinquance juvénile.

L'article 4 de la loi n°52 de l'année 1992 relative à la consommation des stupéfiants prévoit une peine d'emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 1000 à 3000 dinars pour «tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle de plantes ou de matières stupéfiantes».

Azyz Amami est un des premiers blogueurs arrêtés pendant la révolution tunisienne pour avoir rapporté les événements liés aux manifestations sur les réseaux sociaux, avant qu'il ne soit libéré après la fuite de Ben Ali.

L'activiste est aussi l'un des initiateurs du mouvement «Moi aussi j'ai brûlé un poste de police» dénonçant l'arrestation de jeunes personnes accusées d'avoir brûlé des postes de police dans plusieurs villes du pays.

I. B. (avec Tap).

{flike}