tahar ben hassine 8 19Le patron de la chaine de télévision privée El Hiwar Ettounsi, Tahar Ben Hassine, sera-t-il contraint à vivre dans la clandestinité de peur qu’il ne soit kidnappé? Mais qui cherche à étouffer sa voix libre?

 

Ce sont les questions que se posent aujourd’hui de nombreux observateurs de la scène politique et médiatique tunisienne après avoir appris que le patron de la chaine de télévision privée El Hiwar Ettounsi, poursuivi par la justice pour avoir incité à la désobéissance civile, a failli être arrêté (ou kidnappé), hier, par des unités de sécurité et conduit à au centre de la police criminelle de Gorjani, sans qu’il y ait de mandat d’amener à son encontre signé par le procureur de la république.

Selon son avocat Abdessattar Ben Massoûd, la convocation de Tahar Ben Hassine devant le juge d’instruction, suite à la plainte déposée par le ministère public à son encontre, a été reportée au 9 septembre et le procureur général n’était pas au courant qu’une unité de la police criminelle s’est déplacée, mercredi à 18 heures, à la Manouba, où se trouve le siège d’El Hiwar Ettounsi, pour procéder à l’arrestation de M. Ben Hassine.

Mercredi soir, plusieurs députés de l’opposition, avocats, journalistes et représentants de la société civile se sont mobilisés et ont passé plusieurs heures en compagnie de M. Ben Hassine pour le protéger d’un éventuel kidnapping.

Suite à ces développements pour le moins inquiétants, le patron d’El Hiwar Ettounsi a de bonnes raisons de craindre pour sa vie. Que ses déclarations très critiques à l’égard du gouvernement, dont il exige la dissolution, ne plaisent pas dans l’entourage d’Ennahdha, parti au pouvoir, et de la troika, la coalition gouvernementale, cela peut se comprendre. Mais qu’il y ait des gens, dans les cercles du pouvoir, qui agissent en dehors de tout mandat judiciaire clair et envoie des unités sécuritaires terroriser M.Ben Hassine, voilà qui est peu rassurant et démontrer que nous sommes en train de revenir, petit-à-petit aux vieilles pratiques de la dictature de Ben Ali.

Il convient de rappeler ici que les dirigeants actuels du pays (Moncef Marzouki, Rached Ghannouchi et leurs camarades d’Ennahdha et du CPR) ont tous bénéficié, sous la dictature de Ben Ali, de l’appui de Tahar Ben Hassine, qui leur offrait une tribune à travers sa chaîne. Et cela lui a valu de nombreuses agressions et procès montés de toutes pièces.

Va-t-il être maintenant la victime de ces ingrats, obnubilés par un pouvoir qui commence à les aveugler?

Z. A.