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La manifestation Freedom Online, tenue la semaine dernière à Tunis, a réussi à atteindre ses objectifs, c'est-à-dire éclairer et ouvrir les yeux sur l'importance de préserver la liberté du net, et refuser tout contrôle et espionnage l'utilisant.

Par Seif Eddine Akkari

S'il y a un acquis qui fait l'unanimité auprès des Tunisiens 2 ans après la révolution, c'est assurément la liberté d'expression, et surtout sur le réseau Internet. Seulement, il n'y a aucune garantie quant à la préservation de cette liberté pour de nombreuses raisons, aussi bien nationales qu'internationales. La liberté du net peut-elle donc devenir un acquis définitif?

La liberté de l'expression sur la toile a été au centre de l'évènement FreedomOnline, organisé du 15 au 18 juin. Un évènement qui est venu à pic avec de nombreux rebondissement concernant la navigation libre, que ce soit en Tunisie ou à l'étranger, avec notamment les affaires de Weld el 15, ou encore celle du Program Prism, révélé par le désormais célèbre Edward Snowden.

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Une pléiade d'experts et d'activistes de la liberté d'expression se réunissent à Tunis pour s'opposer à toute forme de censure du réseau Internet.

Une situation encore floue

Durant cet évènement, une pléiade d'experts et de spécialistes, ainsi que des activistes pour la liberté du net issus de la société civile se sont rencontrés pour débattre de l'actualité des libertés sur le réseau mondial, et évaluer les risques et les obstacles à surmonter.

L'idée d'un réseau Internet totalement libre peut être, à l'inverse de ce que l'on pense, totalement erronée.

En effet, malgré l'absence d'une législation mondiale commune pour la toile, surfer sur le net n'est pas si libre que cela. Les grandes compagnies mondiales, et les gouvernements influents ont toujours sur garder un certain contrôle sur le net. Un contrôle «discret», qui a tant provoqué des remous chez les activistes, surtout après l'affaire du programme secret Prism, qui a permis l'Agence de sécurité nationale états-unienne de consulter les données personnelles des internautes inscrits aux services de Google et Facebook.

En Tunisie, le manque de législation est encore plus frappant, mais les cas des incriminations pour des faits sur Internet sont de plus en plus fréquents. L'exemple de Jabeur Mejri, condamné à 7 ans de prison pour blasphème sur le réseau de Mark Zuckerberg ou encore celle de Weld el 15, rappeur condamné à 2 ans de prison ferme pour une chanson diffusée sur le web et dans laquelle il exprime sa rage contre la police.

La sécurité : argument facile des gouvernements

«Internet doit être surveillé pour prévenir les attaques terroristes»... «Le réseau mondial doit être contrôlé pour des raisons de sécurité nationale»... «Il est permis de consulter les données personnelles quand nous doutons d'un danger»...

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L'Internet est-il encore vraiment libre?

Tels sont des exemples d'argumentation cités par les responsables gouvernementaux, qu'ils soient tunisiens ou étrangers.

Pour les dirigeants des gouvernements, liberté ne rime jamais avec sécurité. Plus simplement, les droits de l'homme sont parfois bafoués pour soi-disant préserver la stabilité de l'Etat. Cette position assez douteuse a provoqué quelques remous pendant des ateliers, entre ces responsables et quelques activistes, qui s'étaient indignés de cette justification très légère, et qui peut amener à d'autres raisons de contrôle et même de censure, qui reste une ligne rouge à ne pas franchir.

Internet, resteras-tu libre?

Rien ne permet de répondre à une telle question. La législation existe, mais elle est utilisée non pas méthodiquement, mais selon les goûts et les humeurs d'un pouvoir judiciaire connu par ses verdicts assez discutables.

Au niveau international, les scandales se succèdent, mais rien ne semble pouvoir ébranler les motivations des grandes puissances, les Etats Unis en tête, d'assurer un contrôle absolu d'Internet, utilisant l'argument magique de la sécurité nationale. Mais pourtant, le combat en vaut la peine, surtout en Tunisie, où cette liberté est l'un des acquis dont on peut s'enorgueillir depuis la révolution. Et c'est là que surviennent des évènements comme Freedom Online, une manifestation qui a réussi à atteindre ses objectifs, c'est-à-dire éclairer et ouvrir les yeux sur l'importance de préserver la liberté du net, et refuser tout contrôle et espionnage l'utilisant.