femmes journalistes 5 11Le Centre de Tunis pour la liberté de la presse (Ctlp) a enregistré, au cours des six derniers mois (octobre 2012 - avril 2013), 28 violations contre 38 femmes travaillant dans le secteur de l'information.

Dans un «Rapport sur les violations commises sur les femmes journalistes», dont Kapitalis a reçu copie, les 28 violations subies par 38 femmes travaillant dans le secteur de l'information ont eu lieu sur tout le territoire du pays, mais «le plus grand nombre de journalistes ayant subi des agressions est enregistré dans la capitale Tunis, à cause de la concentration du champ médiatique, d'une part, et en raison de la difficulté de l'observation des violations dans les régions intérieures ainsi qu'au nombre, plutôt, réduit de l'effectif de la presse régionale en comparaison avec celui centrale.»

Les violations ayant touché les journalistes femmes ont cependant connu leur point culminant au mois de janvier 2013, avec 15 violations sur un total de 56 commis contre l'ensemble des journalistes en Tunisie. Cette hausse s'explique par «la tenue de manifestations, marches, grands rassemblements populaires, à caractère social et politique au cours desquels il y a eu une «intervention de la Sécurité, plutôt, avec un acharnement exagéré», souligne le Ctlp.

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La nature de ces violations va de l'interdiction de mener sa mission, aux poursuites judiciaires en passant par la confiscation du matériel de travail. L'interdiction de travailler, avec 24 agressions, reste la principale violation, suivie des agressions verbales (22).

Sur les 38 femmes journalistes victimes de violations, 4 ont fait l'objet d'agression à caractère sexuel (atteinte à la pudeur, mépris du sexe féminin, atteinte à la dignité...) Le commentaire de la Ctlp à ce propos est très édifiant : «Ce chiffre ne reflète pas la réalité, dès lors que la majorité des agressions du genre (...) ne sont pas systématiquement déclarées à la presse ni aux organisations concernées.»

L'organisation ajoute que si cette abstention «relève, en grande partie de l'appréhension des agressées quant à la réaction de leurs agresseurs, surtout si ces derniers étaient des patrons de presse ou font partie de l'environnement professionnel», elle résulte, en définitive, d'«une mentalité générale bien ancrée qui consacre l'infériorité des femmes dans les faits et les présente, la plupart du temps, comme étant partie-prenante de n'importe quelle violence à caractère sexuel dont elle ne sont, pourtant, que victimes.»

I. B.