al fajr saadaoui 15 3Selon ''Al-Fajr'', l'organe d'Ennahdha, la militante égyptienne Nawal Saâdaoui, «invitée des laïques», est une «propagatrice de l'homosexualité et de la prostitution». Pouvait-on tomber plus bas?

 

Dans sa livraison du vendredi, l'hebdomadaire du parti islamiste Ennahdha a consacré une page entière à insulter la psychiatre, écrivaine et militante féministe égyptienne (82 ans), honorée par le président provisoire de la république Moncef Marzouki à l'occasion du 8 mars, fête internationale de la femme.

Le titre, reproduit à la Une du journal, a choqué beaucoup de Tunisiens et Tunisiennes, qui vouent un grand respect pour cette grande dame: «La propagatrice de l'homosexualité et de la prostitution invitée par les laïques» (sic !) Quant à l'article en lui-même, il est, du début jusqu'à la fin, un chapelet d'insultes pour cette dame mondialement connue par son militantisme et ses écrits courageux, qui lui ont valu plusieurs séjours en prison dans son pays. Les «laïques», qui l'ont invitée, en ont eu aussi pour leur grade.

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«Nous allons lui rendre hommage lors du Forum social qui aura lieu au campus universitaire à Tunis du 28 au 30 mars», a déclaré Ahlem Belhadj, présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), jointe au téléphone par Kapitalis.

Ce sera aussi l'occasion de lui présenter des excuses au nom de tous les Tunisien(ne)s progressistes et démocrates.
Nawal Saâdaoui est née en 1931 à Kafhr Tahla (Delta), d'une mère bourgeoise et d'un père fonctionnaire au ministère de l'Éducation. Elle a toujours milité pour la cause féminine et fut même emprisonnée à cause de sa position sous Sadate en 1981. L'auteure de ''Mémoires de la prison des femmes'' a été libérée en 1982 sous Hosni Moubarak. Elle a un CV garni de plusieurs distinctions mondiales et une bibliographie (en plusieurs langues) longs comme une écharpe.

Les journalistes d'''Al-Fajr'', qui sont devenus maîtres dans l'art de l'insulte, rivalisent désormais dans ce domaine avec les propagandistes de l'ancien régime de Ben Ali.

«Ilam al-Âr» (ou média de la honte) reconnaît désormais les siens.

Z. A.