Il faut accélérer le processus de la généralisation des Tic en Tunisie, surtout en matière d’infrastructure, afin que l’économie numérique devienne le secteur clé de l’économie tunisienne.

Par Maher Gordah


Le mardi 8 mai s’est déroulé à l’hôtel Concorde, aux Berges du Lac, un dîner-débat, organisé par l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge), intitulé: «Et si l’économie numérique était la meilleure réponse aux défis de la Tunisie?». Pour ce débat, l’association a invité le ministre des Technologies de l’information et de la communication, Mongi Marzoug.

Une ambition pour les quinze prochaines années

En toute transparence, le ministre a exposé brièvement les projets en cours du ministère dont il a la charge et a esquissé sa vision prospective sur les perspectives de développement de l’économie numérique.

Rappelons tout d’abord et très brièvement quels seront les enjeux de l’économie numérique pour la Tunisie?

L’économie numérique représente une grande chance pour la Tunisie pour trois raisons. La première est qu’elle est considérée comme la plus grande ambition pour les quinze prochaines années et le gouvernement semble en être conscient.

La seconde raison est que le pays a besoin de changer et restructurer ses administrations mais aussi repenser et transformer au plus vite les relations des secteurs public/privé. L’économie numérique en est un des vecteurs de ce changement.

La troisième raison consiste à permettre aux compétences tunisiennes de se développer afin qu’elles servent notamment à l’export, autrement dit chercher à vendre le savoir-faire tunisien en matière des technologies de l’information et de la communication à l’étranger par la levée de toutes sortes d’obstacles pour aller dénicher des projets non seulement au Maghreb mais aussi en Afrique subsaharienne.

Mongi Marzoug lors de sa prestation de serment.

Maîtrise des coûts concurrentiels et choix des réseaux

Quelle est la vision de l’économie numérique du gouvernement?

Selon le ministre «atugéen» Mongi Marzoug, la relance de l’industrie tunisienne et l’élargissement de sa capacité concurrentielle reposent sur deux facteurs incontournables: la maîtrise des coûts concurrentiels et le choix des réseaux.

De ce fait, les branches de l’industrie tunisienne, menacées par la concurrence, doivent être identifiées. Les composants de ces branches doivent faire l’objet d’une double action de rationalisation et de maîtrise des coûts de manière à ce qu’elles présentent sur le marché des produits de meilleure qualité, à des prix inférieurs à ceux des concurrents. Les efforts massifs entrepris dans le cadre de la mise à niveau des entreprises tunisiennes vont dans ce sens.

Fondée sur l’informatisation rationnelle et la maîtrise des outils de gestion et des coûts, cette politique suppose de la détermination, des ressources humaines compétentes, du temps, des moyens financiers et exige d’aller jusqu’au bout afin que les efforts réalisés et l’argent dépensé ne le soient pas en pure perte et que la productivité visée ne se transforme pas en son contraire.

Décentralisation technologique et désenclavement des régions

Par ailleurs, le ministre des Tic a insisté sur l’action qu’il devra mener dans les régions les plus défavorisées pour lutter contre la fracture numérique, il a aussi garanti que le gouvernement actuel mettra tout en œuvre pour inciter et faciliter les investissements dans les zones rurales pour qu’ils puissent faciliter l’accès à la technologie numérique, mais aussi il a interpelé l’assistance sur le rôle central que pourra fournir la décentralisation dans le domaine des activités technologiques car cela pourra résorber une partie du taux de chômage notamment dans les milieux ruraux.

Pour conclure, la vision de Mongi Marzoug allait dans le sens des préoccupations des professionnels du secteur, cependant aucune mesure concrète n’a été annoncée pour accélérer le processus de la généralisation des Tic et faire rattraper à la Tunisie le retard pris dans ce domaine, surtout en matière d’infrastructure, condition sine qua none pour que l’économie numérique devienne le secteur clé de l’économie tunisienne.