«Le projet de la loi de finances complémentaire 2012 ne livre pas un message clair à même de rassurer les Tunisiens», ont estimé des économistes tunisiens, lors d’une table ronde, mercredi, à Tunis.


«Le projet de la loi de finances complémentaire 2012 prévoit une hausse de 10,8% du budget de l’Etat pour 2012, par rapport à la loi de finances initiale, à travers le recours aux ressources de privatisation, aux recettes de cession des entreprises confisquées et à la dépréciation du dinar», a estimé Mohamed Haddar, président de l’Association des économistes tunisiens (Asectu).

Pour le président de l’Asectu, «le gouvernement a opté pour la dépréciation du dinar, comme l’une des solutions pour consolider les ressources propres de l’Etat, sans penser à ses répercussions aussi bien sur le coût des importations que celui de la dette».

L’économiste Mahmoud Ben Romdhane a estimé, pour sa part, que «le gouvernement s’est contenté de puiser dans les réserves de l’Etat plutôt que de mobiliser de nouvelles ressources».

Jamel Bel Haj, membre de l’équipe de rédaction du projet de la loi de finances initial, a qualifié d’«irréaliste» le montant des revenus de cession des entreprises confisquées (1.200 millions de dinars), arguant de la faible capacité d’absorption du marché local.

Pour l’économiste Abderrahmane Lahga, la réalisation d’un taux de croissance de 3,5%, tel que prévu par le projet de la loi de finances complémentaire 2012, «demeure tributaire d’un climat politique et social stable, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui», a-t-il dit.

Au chapitre des dépenses, son collègue Mongi Boughzala a avancé que «la grande part du budget de l’Etat doit être allouée à la création d’emplois et à la dynamisation économique des régions démunies, tout en réduisant petit à petit les autres dépenses», relevant que le gouvernement n’a pas opté pour le même ordre de priorité (emploi, régions intérieures) dans le cadre de l’élaboration du projet en question.

Un taux de déficit budgétaire supérieur à 6,5%, et pouvant même atteindre 9%, tel que prévu par les auteurs du projet, est «acceptable» dans des conditions exceptionnelles, telles que celles que traversent la Tunisie, pour peu que la période d’endettement soit courte, a ajouté M. Boughzala. La réussite d’une telle stratégie, a-t-il conclu, nécessite, dans un premier temps, de sensibiliser l’ensemble des parties à l’enjeu d’une telle démarche et de concilier entre les politiques monétaire et financière du pays dans un second temps.

Source : Tap.