Les États-Unis s’apprêtent à une offensive commerciale en Tunisie. Mots d’ordre: open-skies, tourisme, franchises et réformes juridiques pour convaincre les investisseurs américains.


Jose W. Fernandez, secrétaire d’Etat adjoint, s’est rendu cette semaine en Tunisie où il a conduit la délégation américaine officielle au Forum de Carthage sur l’Investissement (16-17 juin).

Optimisme, opportunités et défis
Notant qu’en Tunisie «il ya aujourd’hui de l’optimisme, des opportunités et beaucoup de défis», Fernandez a dit que lui et la délégation qui l’accompagne sont là pour des opportunités d’affaires et pour promouvoir les investissements en Tunisie et dans le pays du Maghreb, notamment à travers le Partenariat nord-africain pour les opportunités économiques (Napeo).
«Nous avons des plans ambitieux pour les mois à venir et nous réunirons les acteurs du secteur privé des Etats-Unis et du Maghreb», a-t-il dit jeudi après avoir rencontré des représentants du gouvernement et du secteur privé tunisiens.
Cette visite, la deuxième après celle de décembre dernier, n’est qu’un début.
«Une délégation d’homme d’affaires américains viendra en Tunisie l’automne prochain, annonce-t-il. Elle comprendra notamment des investisseurs de la Silicon Valley (le secteur des technologies de l’information et des télécommunications), des universités et de la technologie.
Nous privilégions le secteur privé car il est générateur d’emplois et la priorité sera donnée aux secteurs de l’énergie, du transport, du tourisme et des télécoms.
Le niveau d’instruction des Tunisiens et la proximité de la Tunisie avec plusieurs marchés énormes «sont autant d’incitations pour les investisseurs américains».  
Le sénateur John McCain conduira bientôt en Tunisie une délégation d’éminents hommes d’affaires et des dirigeants d’entreprises américaines de renom».

Open-skies, tourisme et franchises
Une première en Tunisie. Les États-Unis sont aussi intéressés par des négociations imminentes concernant des accords sur l’ouverture des espaces aériens (open-skies agreement). Fernandez a rappelé que son pays a jusque là signé 102 accords de ce genre (les derniers en date étant avec le Brésil et la Colombie) et ne voit pas pourquoi ne pas le faire avec la Tunisie.
Le tourisme est aussi un secteur très intéressant pour les investisseurs américains. «Vous avez l’histoire, la culture et les plages, dit-il. Que y a-t-il de mieux pour attirer les touristes et les investisseurs ?», s’interroge-t-il. Il précise qu’un accord sur des open-skies serait un atout supplémentaire et se demande pourquoi un bon nombre de chaines hôtelières ne sont pas basées en Tunisie. «Nous devons les convaincre pour venir ouvrir ici et faire valoir l’expérience de l’hospitalité américaine».
Fernandez ne veut pas entendre parler d’insécurité et d’instabilité en Tunisie. Il affirme que ses compatriotes «ont une grande estime de ce qu’a réalisé la Tunisie, et ça fait vendre».
L’ambassadeur Gordon Gray a tenu à signaler «qu’aucune entreprise américaine n’a quitté la Tunisie après janvier» et que la délégation commerciale qu’il a lui-même conduite aux États-Unis «commence à donner des fruits».
Mais Fernandez reconnait que la destination Tunisie «n’est pas bien connue pour les Américains». Tout comme la franchise, d’ailleurs.
A cet effet, il pense qu’il faut trouver des moyens pour convaincre les franchises (notamment celles du secteur de l’alimentation, qui sont déjà implantées en Egypte et au Maroc) venir ouvrir en Tunisie.

L’aide à la Tunisie
Fernandez a déclaré que les montants et les modalités de l’aide financière américaine à la Tunisie «sont encore à l’étude» mais à évoqué les montants suivants:
- 2 milliards de dollars (annoncés par l’Opep durant el G8) pour l’Afrique du Nord ;
- 20 millions de dollars alloués par le Middle East Partnership Initiative (Mepi) à la société civile tunisienne;
- et 55,5 millions de dollars pour faire face aux besoins des réfugiés libyens en Tunisie.
Le responsable américain est affirmatif quand au soutien du soi-disant «Plan Jasmin» pour relancer l’économie tunisienne, lequel s’étale sur 5 ans. «C’est un plan crédible et nous étudierons, avec le gouvernement tunisien actuel et celui qui suivra, la possibilité de le réussir».
Il n’a pas, toutefois, caché le besoin à «de réformes législatives» que la Tunisie doit entreprendre pour convaincre les investisseurs américains, notamment dans le secteur de l’Ict.
Selon lui, les États-Unis sont prêts à collaborer à la promotion de «la gouvernance, la transparence» en Tunisie.

Mourad Teyeb