Le dossier de Royal Luxembourg Soprafi, qui vient de remporter l'offre de cession de 13% du capital de la Banque de Tunisie (BT), a été remis, lundi, à la Banque centrale de Tunisie (Bct).

 

L'Institut d'émission, qui est responsable du contrôle des banques, doit vérifier les données relatives au fonds italo-luxembourgeois, dont l'origine des fonds et les activités sont jugées suspectes par plusieurs experts financiers.

Vérification des rumeurs de blanchiment d'argent

Selon Ridha Saidi, le ministre chargé des dossiers économiques et sociaux, cette mesure intervient alors que des rumeurs circulant dans le milieu des affaires tunisien et dans les médias ont accusé Royal Luxembourg de spéculation, de blanchiment d'argent et d'activités illicites.

Dans un entretien accordé à l'agence Tap, M. Saidi a précisé qu'après le parachèvement des formalités relatives à l'appel d'offre, il s'agit maintenant d'enquêter sur la situation du fonds et sur ses activités et seule la Bct est habilitée à le faire. Tous les documents relatifs à ce dossier devaient lui être transmis lundi.

Il a précisé que la Bct se charge automatiquement du contrôle et de la vérification de tous les documents relatifs aux transactions d'affaires afin d'éviter les activités liées au blanchiment d'argents et au commerce illégal d'armes ou de drogue.

Royal Luxembourg a remporté, le 19 novembre dernier, l'offre de cession du bloc d'actions représentant 13% du capital de la Banque de Tunisie (BT).

Ce bloc d'actions, qui était la propriété de Belhassen Trabelsi, gendre de l'ex-président Ben Ali, a été confisqué depuis la révolution du 14 janvier 2011.

Pour M. Saidi, «la cession des parts directes et indirectes de l'Etat dans le capital de la BT au profit du fonds luxembourgeois s'est déroulée «dans la transparence totale et selon les normes en vigueur».

La Banque d'affaires de Tunisie (Bat) a supervisé l'opération. Il a fait remarquer que les premières données recueillies auprès de la Bct, sur le fonds luxembourgeois font état d'une situation financière saine et de l'absence de soupçons sur ses activités, a-t-il encore précisé. Et d'ajouter: «La Bct détient les moyens techniques, l'expertise et le réseau de relations qui lui permet de vérifier toutes les données relatives à la structure financière» du fonds d'investissement italo-luxembourgeois.

Selon le ministre, «ceux qui se cachent derrière ces rumeurs sont liés aux autres soumissionnaires, d'autant que la cession porte sur un des fleurons du secteur bancaire tunisien. Mais leurs offres sont inférieures à celle présentée par le fonds italo-luxembourgeois.»

Pour M. Saidi, Royal Luxembourg a proposé une offre financière de 217,6 millions de dinars (MD), contre 204,8 MD présentés par le réseau bancaire français Crédit industriel et commercial (Cic) et 143 MD par le groupe Tunisia Holding appartenant à l'homme d'affaires tunisien Slim Riahi.

Après la vérification de la sécurité de l'opération de cession, «ce qui ne devrait pas prendre que quelques jours», selon ses propos, le fonds italo- luxembourgeois décaissera en une seule tranche tout le montant requis et ce avant la fin de cette année, a-t-il affirmé.

700 millions de dinars d'investissement

Même si les rumeurs circulant sur la nature des activités de ce fonds seraient prouvées, le ministère des Finances ne ferait pas appel automatiquement à l'investisseur qui a présenté la deuxième offre. «Un deuxième appel d'offres, a-t-il dit, sera lancé et l'affaire de cession sera reportée à l'année prochaine, s'il le faut», a-t-il précisé.
Il a, par ailleurs, indiqué que le représentant de Royal Luxembourg qu'il a reçu, jeudi dernier, en présence du ministre des Finances par intérim, a exprimé l'intérêt du fonds pour les cessions relatives à d'autres entreprises confisquées à l'instar de Tunisiana».

M. Saidi a ajouté que le représentant du fonds était accompagné d'un investisseur italien intéressé par la réalisation d'une unité de fabrication de châssis de bus en Tunisie. Ce fonds, a-t-il dit, est intéressé par l'investissement en Tunisie contrairement aux informations véhiculées sur sa nature spéculative. Il projette d'investir près de 700 MD dans plusieurs secteurs en Tunisie. Il est également, disposé à examiner toutes les opportunités d'investissement offertes dans le pays, notamment après l'obtention, par la Tunisie, du statut de «partenaire privilégié» de l'Union européenne (UE).

I. B. (avec Tap).