La Tunisie vient d’être reléguée parmi les pays incapables d’honorer leurs dettes, une première depuis la difficile période du milieu des années 1980. Et un camouflet pour le gouvernement Jebali.

Par Aya Chedi


Les économistes et experts financiers tunisiens s’y attendaient un peu et retenaient leur souffle. Maintenant c’est fait : le pire est arrivé. Ce qui va compliquer davantage la tâche du gouvernement qui compte sur des financements extérieurs pour relancer l’économie, améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et créer des emplois pour les chômeurs.

En attendant les notes des autres agences de notations, qui ne devront pas tarder, c’est l’agence Standard  & Poor’s qui a tiré la première, en abaissant la note souveraine de la Tunisie de deux crans.

La  note de la dette à long terme de notre pays a été ramenée à BB, ce qui veut dire que la Tunisie est classée dans la catégorie des pays emprunteurs spéculatifs, comme l’explique un communiqué de l’agence diffusé mercredi après-midi.

Cependant, la note est assortie d’une «perspective stable», ce qui signifie que l’agence ne compte pas la modifier pour l’heure. S&P estime néanmoins que «le gouvernement de transition, en place depuis décembre 2011, n’est pas en mesure de redresser suffisamment l’économie».

L’abaissement de la note souveraine de la Tunisie veut dire que la sortie de la Tunisie sur les marchés financiers internationaux, dans l’objectif de mobiliser des crédits, devient plus difficile et encore plus coûteuse, étant donné que les taux d’intérêts vont être plus importants.

La note de la Tunisie a été abaissée à deux reprises en 2011, par l’agence Fitch, à BBB+, avec perspective stable, puis à BBB-, avec perspective négative. L’actuel abaissement, selon l’agence de notation, est dû essentiellement à l’incapacité du gouvernement actuel à remédier aux multiples problèmes existant, sans pour autant indiquer que le climat social et celui d’affaires ont leur rôle à jouer.

Cette nouvelle baisse de la note souveraine de la Tunisie devrait décourager les prêteurs et les bailleurs de fonds, désormais incertains de la capacité du pays à honorer ses engagements et à payer ses dettes, sans oublier l’effet néfaste qu’aura cet abaissement sur le comportement des investisseurs, réticents à leur tour depuis un moment.

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