Chedly Ayari BCTFace à la hausse de la consommation, la baisse de l'épargne et la montée des revendications sociales, la Tunisie pourrait recourir à de nouveaux emprunts extérieurs.

C’est ce qu’a déclaré le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, lors d'une conférence de presse tenue, mardi 3 mars 2014, à Tunis, conjointement avec Masood Ahmed, directeur du département Moyen-Orient et Asie Centrale au Fonds monétaire international (FMI).

Le soutien du FMI à la Tunisie sera axé, au cours de la prochaine période, sur l'appui du plan d'action du gouvernement, qui sera fixé en concertation avec toutes les parties concernées (syndicats, patronat, société civile…), a affirmé, de son côté, M. Ahmed, en expliquant que la Tunisie a réussi à préserver ses équilibres généraux en 2014, par rapport à une année et demi auparavant.

Résultats remarquables mais insuffisants

M. Ahmed a fait savoir que «les résultats enregistrés par la Tunisie sont remarquables mais insuffisants pour répondre aux attentes des Tunisiens», tout en estimant nécessaire de booster l'investissement public.

Evoquant l'avancement de la réforme du système bancaire, et particulièrement celle des 3 banques publiques (STB, BNA, BH), M. Ahmed a relevé que ce secteur accuse certaines défaillances, notamment sur le plan technique. D'après lui, «le privé ne sera pas encouragé à investir en Tunisie en l’absence d'un secteur bancaire solide et efficient, ce qui nécessite de clarifier la vision en la matière».

Concernant la révision à la hausse des prévisions de croissance en Tunisie pour 2015, de 2,4 à 3%, le responsable du FMI a qualifié cette projection de «bonne». Ce taux est même appelé à augmenter, d'autant que 2015 n'est qu'à son début, a-t-il estimé, faisant remarquer que le pays a besoin de taux de croissance plus élevés.

M. Ahmed a aussi indiqué que la situation en Libye et les tensions régionales ainsi que la détérioration de la situation économique en Europe, premier partenaire de la Tunisie, vont avoir un impact négatif sur l'économie nationale.

Le responsable a, par ailleurs, affirmé que l'obtention par la Tunisie d'un emprunt obligataire d'une valeur de 1 milliard de dollars sur le marché international témoigne du regain de confiance des investisseurs en le site Tunisie.

Un choc économique positif

De son côté, Chedly Ayari a indiqué que l'obtention de cet emprunt constitue un «choc économique positif», comparant cette cela au «choc politique» qu'a constitué, en Tunisie, la réussite de la transition politique.

D'après le gouverneur de la BCT, «l'obtention de cet emprunt ne manquera pas de consolider le capital confiance dont jouit la Tunisie auprès des investisseurs au cours de la prochaine période», considérant que «les critiques suscitées par cette opération sont illogiques», d'autant que «les parties qui l'ont contestée n'ont pas avancé de preuves techniques convaincantes du non-fondé de cet emprunt nécessaire au financement du budget de 2015».

M. Ayari n'a pas écarté, toutefois, la possibilité de recourir à d'autres emprunts extérieurs, face à l'accroissement de la consommation, la régression de l'épargne, la hausse du chômage et la montée des revendications sociales.

Il convient de rappeler que Masood Ahmed a discuté avec les membres du gouvernement des mécanismes nécessaires pour le soutien de la Tunisie, même après le parachèvement du programme de financement conclu, en juin 2013, avec le FMI.

En vertu de ce programme, le FMI a appelé la Tunisie à mettre en route des réformes dans les secteurs bancaire et fiscal et à réduire la subvention de l'Etat à certains produits, notamment les hydrocarbures.

Il est à noter aussi que le conseil d'administration du FMI avait approuvé, le 7 juin 2013, l'octroi à la Tunisie d'un prêt de garantie d'une valeur de 1,75 milliard de dollars, pour l’aider à préserver ses équilibres généraux sur le court terme, à jeter les bases d'une économie solide et intégrée et à protéger les catégories les plus vulnérables.

I. B. (avec Tap).

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