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Tourisme DjerbaLes professionnels du tourisme tunisien connaissent les maux chroniques de leur secteur, mais pourquoi les solutions préconisées tardent-elles à être mises en route?

Réunis par le Centre des Jeunes dirigeants d'entreprise (CJD) et la fondation Konrad-Adenauer, lors d’une en conférence-débat sur le thème «Tourisme tunisien à l'horizon 2020, quel modèle de développement?», les hôteliers et voyagistes ont passé en revue les carences et dysfonctionnements de leur secteur.

Ils ont ainsi évoqué la qualité des prestations d'hébergement, dont les normes datent de 2005 et nécessitent une révision, l'absence de suivi des rapports de contrôle de qualité des unités touristiques et l'inexistence de guides professionnels.

Améliorer les services et les compétences

Certains professionnels se sont interrogés sur l'intérêt de garder des unités hôtelières non rentables et les moyens à mobiliser pour faire connaître le patrimoine national en l'absence de formation sur la cuisine tunisienne dans les écoles de tourisme.

Ils ont appelé à améliorer les compétences des cadres du ministère du Tourisme et des professionnels, à créer des villages touristiques pour en finir avec le shopping «Made in China»... en Tunisie, et à diversifier le produit touristique en développant le tourisme archéologique.

Pour le président de Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), Radhouane Ben Salah, le renforcement du tourisme intérieur, qui s’est un peu développé ces dernières années, est désormais nécessaire pour stimuler l’activité touristique.

Les nuitées relatives au tourisme intérieur, qui représentent, actuellement, 15% du total, devraient atteindre, à l'avenir, 30 à 40%, contre 50% dans certains pays, a-t-il avancé.

Le développement de ce type de tourisme permettra d'améliorer le taux d'occupation des hôtels qui auraient alors une certaine aisance dans les négociations avec les tours opérateurs étrangers, la clientèle locale étant disponible quelle que soient la conjoncture et les difficultés du pays.

Evoquant la baisse de 16,3% du nombre des touristes étrangers en janvier 2015 (340.000) par rapport à janvier 2014, M. Ben Salah s'est dit, toutefois, optimiste pour la haute saison, compte tenu de l'amélioration constatée aux niveaux des premiers indicateurs des marchés anglais, italien et des pays de l'Europe de l'Est.

Il a cependant, fait remarquer que le problème qui se pose au niveau du marché russe est dû au conflit ukrainien et à la dépréciation du rouble de 60% par rapport au dollar.

Les difficultés observées sur le marché français sont dues, quant à elles, aux problèmes économiques, notamment ceux touchant les grands tours opérateurs.

Le casse-tête de l’endettement

La ministre du tourisme Selma Elloumi Rekik a souligné, de son côté, que deux programmes axés sur les problèmes de la formation, de la commercialisation et de l'endettement ont été élaborés par son département : le premier est à court terme et le deuxième s'étalera sur 5 ans.

En ce qui concerne l'endettement, une commission sera créée (encore une autre?) pour réaliser, dans 2 mois, un projet de loi qui sera soumis à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Elle sera composée des ministères des Finances, du Tourisme et des professionnels du secteur.

Selon la ministre, les dettes des unités touristiques en difficulté, incapables de rembourser leurs dettes ou de redémarrer leurs activités, représentent 20% des dettes carbonisées auprès des banques tunisiennes, ajoutant que 50% des hôtels sont des structures endettées et dans l'impossibilité de contracter de nouveaux crédits auprès des banques pour mettre à niveau leurs structures et redémarrer leurs activités.

Il y a une autre catégorie d’hôtels, qui sont en difficulté depuis la révolution de janvier 2011, et dont les propriétaires demandent le rééchelonnement de leurs dettes.

Donc, résumons : difficultés de financement, services médiocres, méthodes de commercialisation et de marketing obsolètes, absence de guides professionnels, etc.

Ceci étant, comment redresser la barre, remettre le secteur sur les rails et redorer l’image de la destination Tunisie? Par quoi commencer? Et selon quel plan? Et quelles priorités?

I. B. (avec Tap).

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