Banque Zitouna Banniere

Se réjouissant de son bilan positif et du partenariat scellé récemment avec la BID, la Banque Zitouna se projette dans des projets continentaux.

Par Zohra Abid

Créée en mai 2010 par Sakher El-Materi, gendre de l'ex-président Ben Ali, la Banque Zitouna a été confisquée par l'Etat au lendemain de la révolution de janvier 2011. Il a fallu du temps, de l'énergie et de l'endurance à ses nouveaux responsables pour traverser les tempêtes, surmonter les difficultés et remettre sur les rails cet établissement dont le capital est désormais détenu à hauteur de 69% par l'Etat, et qui est en passe de s'imposer comme un acteur majeur du système bancaire tunisien et comme leader de son métier: la finance islamique.

Des signes rassurants

La Banque Zitouna a clôturé, récemment, avec succès la souscription à l'augmentation de son capital, porté à 88,5 millions de dinars (MD) et réussi, au terme de 5 ans d'exercice, à doubler ses effectifs et à ouvrir des agences dans toutes les régions du pays.

«Grâce à ses compétences et à leur savoir-faire, Banque Zitouna va bientôt participer à des projets dans des pays du continent africain où il y a une forte demande de finance islamique», a annoncé son Pdg, Ezzeddine Khoja, lors d'une rencontre avec les médias, vendredi 23 janvier 2015, au siège de la banque, au Kram, dans la banlieue nord de Tunis.

Selon M. Khoja, qui était accompagné du directeur adjoint de la banque, Taoufik Lachheb, l'année 2014 a été magistralement clôturée avec la concrétisation d'un partenariat stratégique avec la Banque islamique de développement (BID), considérée comme la «banque mondiale des pays musulmans».

«La BID possède désormais 21% du capital de la Banque Zitouna, 69% reviennent à l'Etat et les 10% restants sont détenus par des investisseurs privés», a précisé M. Khoja, ajoutant que «le fait que la BID devienne un partenaire stratégique de la Banque Zitouna est un plus pour l'établissement mais aussi pour toute la Tunisie».

Ce partenariat va contribuer au processus de développement en Tunisie à travers de nouveaux investissements, qui boosteront la croissance économique et créeront de nouveaux emplois, a expliqué M. Khoja. «Nous comptons joindre nos efforts à ceux de la BID pour lancer de nouveaux projets en Tunisie, dans les domaines de la micro-finance islamique, des projets immobiliers et de l'intermédiation financière», a-t-il précisé.

Le conseil administratif, réuni jeudi 22 janvier 2015, a, d'ailleurs, désigné 2 nouveaux administrateurs pour représenter la BID: l'Algérien Boualem Hamoudi et du Marocain Ahmed Ben Ali.

Les nuages se sont dissipés, le ciel est clair 

Le Pdg de la Banque Zitouna a rappelé les difficultés que son établissement a dû surmonter et les défis qu'il a relevés au cours de sa courte existence. «La banque est passée par 3 étapes. Les années 2010 et 2011 ont été ceux de la mise en place de ses structures. La 2e étape était celle de la gestion provisoire de l'établissement. On ne savait pas si on pouvait se lancer réellement dans la finance islamique ou si on allait se contenter de la finance traditionnelle. Ce n'est qu'au cours de 2012 que la banque a repris ses structures administratives et s'est relancée effectivement. Elle s'est dotée d'un business-plan pour 5 ans, d'un programme et d'une vision. Ce qui lui a permis, dès le début de 2013, de gagner en confiance et d'avoir, aujourd'hui, son poids dans le tissu économique du pays», a indiqué M. Khoja.

Ezzeddine Khoja et Abderrazel Lachheb

Ezzeddine Khoja et Taoufik Lachheb, Pdg et directeur général adjoint de la Banque Zitouna.

La Banque Zitouna, qui comptait 28 agences en 2011, a clôturé l'année 2014 avec 67 réparties dans tout le pays. L'effectif a suivi cette progression, puisqu'il est passé, durant la même période, de 350 à 600 salariés, tous jeunes et qui ont acquis de l'expérience. Idem pour le réseau, qui a atteint, à la fin 2014, 69 distributeurs automatiques de billets répartis dans tout le pays, a encore annoncé M. Khoja, ajoutant que la banque compte, aujourd'hui, plus de 115.000 clients, que son total bilan, à fin décembre 2014, s'est élevé à 1.326 MD et les dépôts des clients à 1.152MD.

L'exportation du savoir-faire en Afrique

La Banque Zitouna, qui offre des produits financiers diversifiés conçus conformément aux principes de la finance islamique pour les dépôts, investissements, financements, engagements et garanties, met à la disposition de ses clients plusieurs services tels que la gestion des titres, la monétique, les plateformes de paiements électroniques, la mise à disposition des coffres forts, etc., et compte exporter son savoir-faire au Maroc, qui vient d'adopter une loi autorisant l'exercice de la banque islamique dans le royaume.

«Le marché de la finance islamique en Afrique est très prometteur. Grâce à notre partenariat avec la BID, présente dans 34 pays, nous pouvons être la locomotive de ce métier spécifique au Maghreb et dans tout le continent africain. Nous avons, d'ailleurs, un plan pour pénétrer les marchés de l'Afrique francophone et nous avons déjà apporté notre savoir-faire à 5 banques au Niger, Sénégal, Guinée, Mauritanie et, bientôt, au Maroc, l'objectif étant de favoriser le développement économique et le progrès social dans le continent», a encore expliqué M. Khoja.

Bientôt un chéquier islamique

Interrogé à propos de la date de l'émission des sukuks (ou chèques) islamiques, Ezzeddine Khoja a admis que l'opération a été reportée à plusieurs reprises. Le problème réside, selon lui, dans l'absence d'un cadre réglementaire, la loi élaborée à cet effet n'ayant pas encore été promulguée. «Aujourd'hui, nous pouvons l'annoncer, ce sera pour le 3e trimestre de 2015 et la conception de ces chèques a été totalement confiée à la Banque Zitouna», a-t-il précisé.

Rappelons que Hakim Ben Hammouda, ministre de l'Economie et des Finances, a annoncé, le 12 janvier 2015, aux médias, que le gouvernement va émettre, au courant de 2015, des chèques islamiques d'une valeur de 500 millions de dollars, ajoutant que cette opération vise à «diversifier les ressources du budget de l'Etat et à les répartir tout au long de l'année, dans le cadre d'une planification préventive permettant d'alimenter progressivement les caisses de l'Etat».

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