Assurance autoLe secteur des assurances enregistre chaque année des pertes de 150 millions de dinars (MD) dues à la fraude et aux accidents fictifs.

Lors d'une journée d'étude sur la gouvernance dans les sociétés d'assurance, Lotfi Bezzargua, vice-président de la Fédération tunisienne des sociétés d'assurance (Ftusa), a indiqué que les fraudes à l’assurance représentent 10% du chiffre d'affaires du secteur, estimé à près de 1,4 milliard de dinars.

Selon des données collectées par les opérateurs du secteur, ces fraudes ont un impact négatif sur le secteur, car elle donnent lieu à des indemnités financières payées par les sociétés d'assurance, sachant que seuls 25% des actes frauduleux sont repérés. Des compagnies internationales proposent, d’ailleurs, leurs services aux sociétés tunisiennes d'assurance afin de porter ce taux à 50%, a précisé M. Bezzargua, qui a souligné la nécessité de créer une centrale d'information permettant de maîtriser les risques et de favoriser l'échange de données entre les opérateurs du secteur.

Il a aussi recommandé la création d'une agence chargée de la lutte contre la fraude dans le secteur, à l'instar de ce qui se passe dans de nombreux pays européens.

Des réformes sont, d’ailleurs, engagées dans le secteur en vue de créer une centrale de gestion des risques en collaboration avec le Comité général de l'assurance et les sociétés d'assurance, a encore noté M. Bezzargua.

D'après le président du Comité général de l'assurance, Hafedh Gharbi, deux types d'escroquerie sont fréquents dans le secteur: les fausses informations fournies lors de la conclusion du contrat d'assurance afin de payer le moins de frais et la déclaration d’un accident fictif.

A cet égard, les entreprises et les grandes sociétés déclarent un ou deux incendies ou accidents pour un contrat d'assurance dont la valeur s'élève à 1 million de dinars.

Après la révolution, et notamment en 2012, les sociétés d'assurance ont procédé à l'indemnisation de 24 grands incendies, soit une moyenne de 2 par mois, moyennant des indemnités de l'ordre de 3 MD en moyenne, a précisé M. Gharbi, faisant remarquer que des soupçons de fraude planent sur ces accidents.

L’expert a fait, également, observer que la réassurance est assurée en Tunisie par de grandes compagnies internationales, qui ont menacé de quitter le pays si ces phénomènes de fraude à l’assurance ne sont pas maîtrisés.

M. Gharbi a estimé que l'assurance auto constitue le secteur le plus exposé à l'escroquerie. En témoigne les révélations faites, dernièrement, sur des gangs organisés actifs dans le montage d'accidents fictifs, la falsification de documents et le chantage des compagnies d'assurances. L’un de ces gangs, qui compte environ 100 membres dont des médecins et des agents de sécurité, a été démantelé au Kef, a-t-il précisé.

En conclusion, le responsable a souligné la nécessité de faire face à ce phénomène, en intensifiant le contrôle et en unifiant le système d'échange d'informations entre les compagnies d'assurance.

I. B. (avec Tap).

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