emploi 9 20Pour favoriser l'essor du secteur privé et la création d'emplois, les pays de la région Mena ont besoin de renforcer leur tissu de jeunes entreprises productives.

Les start-up et les entreprises innovantes sont les moteurs de la création d'emplois dans la région Mena (Moyen Orient et Afrique du Nord), mais elles peinent à se développer, en raison des privilèges accordés aux entreprises liées au pouvoir politique, souligne un rapport de la Banque mondiale (BM), présenté, lundi 26 janvier 2015, à Tunis.

Intitulé «Emploi ou privilèges: Comment libérer le potentiel de la création d'emplois dans la région Mena», le rapport révèle que, dans les pays de la région Mena, les start-up sont les plus productives et créatrices d'emplois, mais les politiques destinées à protéger certaines entreprises proches du pouvoir limitent la concurrence et freinent la croissance et la productivité de ces start-ups.

En ce qui concerne la Tunisie, le rapport qualifie d'«entreprises connectées», toutes celles qui ont appartenu à la famille de l’ex-président Ben Ali et dont les avoirs ont été confisqués par l’Etat après la Révolution de 2011.

Les données de l'enquête mettent l'accent sur les privilèges dont ont bénéficié en Tunisie et en Egypte les entrepreneurs proches du pouvoir et leurs impacts négatifs sur la croissance et la capacité de création d'emplois des start-ups dans les deux pays.

Entre 1996 et 2010, les jeunes entreprises tunisiennes ont créé 580.000 emplois, soit 92% du total de la création nette, soulignent les auteurs du rapport, ajoutant que 64% des entreprises ayant des connexions politiques sont actives dans des secteurs soumis à des restrictions sur les investissements directs étrangers (IDE).

Ces entreprises privilégiées ont aussi bénéficié d'une influence disproportionnée sur leurs secteurs d'activité respectifs. En effet, 39% des secteurs, qui comportent au moins une seule entreprise connectée, nécessitent l'obtention d'un accord et d'une autorisation du gouvernement, contre 24% pour les secteurs ne comportant pas d’entreprise ayant des liens politiques.

La région Mena a besoin de renforcer son tissu de jeunes entreprises productives afin de favoriser l'essor du secteur privé et la création d'emplois, mais les règles en vigueur tendent davantage à protéger ces entreprises privilégiées bien établies qu'à encourager de nouvelles entreprises, souligne encore le rapport.

Dans la région Mena, en moyenne 6 entreprises à responsabilité limitée (Sarl) sont créées tous les ans dans la région pour 10.000 personnes en âge de travailler.

«Pour la Tunisie, il y a 1,2 entreprises créées pour 1000 personnes en âge de travailler, un chiffre à comparer aux résultats de pays comme le Chili, qui compte 3 entreprises créées pour 1000 personnes, ou la Bulgarie qui crée 4 entreprises pour 1000 personnes en âge de travailler par an», a affirmé Abdoulaye Sy, qui présentait le rapport.

Les pays de la région ne parviendront à répondre aux besoins d'une main-d'œuvre de plus en plus instruite et nombreuse qu'en refondant leurs politiques protégeant les entreprises privilégiées, concluent les auteurs du rapport.

Concrètement, il s'agit de mettre en avant les réformes visant à réduire la portée des privilèges, un travail qui devra être réalisé par une administration publique forte dont les agents sont recrutés en fonction de leur mérite, soulignent-t-ils, tout en recommandant la mise en œuvre de ces réformes dans un environnement transparent et ouvert, qui permet de tenir les citoyens informés de l'action gouvernementale et leur donne la possibilité de contribuer à l'élaboration des politiques.

I. B. (avec Tap).

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