Constructions-anarchiques-Un tiers des Tunisiens ne peut accéder à un logement décent et les mécanismes et programmes de logement ne parviennent pas à répondre aux besoins.

Tel est le constat d'une étude préliminaire sur l'habitat, présentée, jeudi 16 octobre 2014, à Tunis, au cours d’une consultation nationale sur «la nouvelle stratégie de l'habitat».

Construction anarchique

L'étude parle d’une «situation critique» du logement social dans le pays, d’autant les mécanismes et programmes existant ont montré leur incapacité de répondre aux besoins de la société dans ce domaine, notamment ceux des catégories à faible revenu et des personnes non bancables. Résultat: les logements sociaux ne représentent que 1,6% du total des logements construits chaque année dans le pays.

L’étude confirme aussi l'incapacité du système existant à offrir un logement social, à garantir une répartition équitable des logements sur tout le territoire national, et à faire la pression sur le coût du logement, qui a augmenté à un rythme accéléré durant les dernières années.

Le directeur général de l'habitat au ministère de l'Equipement, de l'Aménagement du Territoire et du Développement durable, Nejib Snoussi, a indiqué, à l'ouverture de la consultation que «cette situation a engendré la prolifération des quartiers sauvages», avec un taux de construction anarchique estimé à 37%.

Sur un total de 80.000 logements construits chaque année, seuls 50.000 disposent d’un permis de bâtir.

Manque de terrains constructibles

M. Snoussi a imputé ces indicateurs qualifiés d'«alarmants», à la hausse du prix des terrains constructibles et à la rareté des lots de terrains constructibles dans les grandes agglomérations urbaines.

La baisse de la construction du logement social, l'augmentation du coût de la construction et l'absence d'un mécanisme de financement adéquat pour les catégories sociales, autres que les salariés, ont aggravé la situation, a indiqué le responsable.

Le ministre de l'Equipement, de l'Aménagement du Territoire et du Développement durable, Hedi Larbi a indiqué, de son côté, que la consultation nationale vise à «réformer la politique de l'habitat suivie par la Tunisie depuis des décennies».

L'objectif étant, selon lui, d'élaborer une nouvelle stratégie de l'habitat adaptée à la situation en Tunisie et de suggérer des mécanismes et des programmes pouvant répondre aux besoins en logement des catégories sociales à faible et moyen revenus.

L'expert et co-auteur de l'étude, Mohamed Haddar, a indiqué, de son côté, que le prix des terrains en Tunisie connaît, depuis le début des années 90, une augmentation annuelle de 8%.

Le prix du mètre carré couvert oscille entre 1.200 et 3.000 dinars pour les privés (Guide de l'immobilier 2014).

Hausse des prix des matériaux de construction

L’économiste a attiré l'attention également sur la hausse des prix des matériaux de construction, citant, à titre d'exemple, le sac de ciment, dont le prix est passé de 6,250 dinars en décembre 2013 à 7,850 dinars en janvier 2014, soit une augmentation de 26%, en un mois.

Mohamed Haddar a souligné la nécessité de maîtriser le coût, de diversifier les produits et de ne pas se contenter du haut standing.

I. B. (avec Tap).

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