gaz de schisteAlors que le gouvernement s’apprête à démarrer démarrer l’exploration du gaz de schiste, les adversaires, de cette option font de nouvau entendre leur voix.

Mamia El-Banna, l'ancien ministre de l'Environnement dans gouvernement Jebali, a indiqué que «la technique appliquée dans l'exploration et l'extraction du gaz de schiste nécessite la mobilisation de volumes considérables de ressources en eau, puisque chaque gisement peut compter jusqu'à 700 puits et chaque puit nécessite entre 10 et 15.000 m3 d'eau».

Intervenant dans une table ronde sur les risques engendrés par l'exploitation de gaz de schiste en Tunisie, organisée samedi 13 septembre 2014, par la Fondation Temimi, Mme El-Banna a attiré l'attention sur les dangers découlant de l'extraction du gaz de schiste qui nécessite l'utilisation de milliers d'additifs chimiques, dont certains sont toxiques et utilisés en grandes quantités, allant jusqu'à plus de 100 tonnes par gisement, ce qui engendrera des répercussions négatives sur l'environnement.

La société anglo-hollandaise Shell a présenté, depuis 2011, une demande pour l'exploitation du permis de Kairouan pour l'exploration de l'huile de schiste, mais le ministère de l'Environnement, de l'époque avait demandé la réalisation d'une étude d'évaluation et la formation d'une commission d'experts tunisiens pour suivre le dossier du gaz de schiste, «mais rien n'a été fait jusqu'à ce jour», a-t-elle rappelé.

«S'il est vrai que la Tunisie s'est lancée dans la phase d'évaluation des ressources du pays en gaz de schiste, comme l'a déjà confirmé le chef de gouvernement provisoire, Mehdi Jomaa, en vue d'une éventuelle exploration de ces ressources non conventionnelles, il est indispensable d'élaborer un cadre réglementaire adéquat afin de garantir la protection des ressources environnementales du pays», a recommandé Mme El-Banna.

Faouzia Bacha Amdouni, avocate auprès de la Cour de Cassation, a indiqué de son côté que l'actuel code des hydrocarbures ne peut pas être appliqué pour les ressources non conventionnelles, car il ne garantit pas la protection de l'environnement et des ressources naturelles du pays. Elle a appelé à concevoir un nouveau texte réglementaire adapté à la particularité et aux risques que présente l'exploration du gaz de schiste, d'une part, et à la géologie de la Tunisie d'autre part.

Mohamed Ghazi Ben Jemia, docteur en géologie, a appelé, quant à lui, à la réalisation d'une étude de faisabilité économique pour vérifier si l’exploitation de cette ressource sera profitable ou non à la Tunisie. Il a également souligné la nécessité de trouver une nouvelle technique d'extraction et d’interdire l'utilisation de la nappe phréatique pour les opérations d'extraction du gaz de schiste, notamment dans les régions du sud, où les quantités d'eau sont très limitées.

Rappelons que le chef du gouvernement provisoire avait indiqué, le 4 septembre 2014, que les oppositions et les critiques à l’exploitation du gaz de schiste ne constitueront pas un obstacle devant le gouvernement, qui est déterminé à avancer dans l’exploration de cette ressource, du reste déjà exploitée par plusieurs pays.

«Les ressources pétrolières et gazières de la Tunisie s’amenuisent et son déficit énergétique ne cesse de se creuser. L’exploration de nouvelles ressources devient une obligation vis-à-vis des nouvelles générations. Tout en respectant, bien sûr, les équilibres environnementaux», avait-il alors expliqué.

I. B. (avec Tap).

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