Voitures-occasion-Banniere

En fixant à 5 ans au lieu de 3 l'âge pour les voitures d'importation, les autorités ont transformé le marché tunisien en cimetière des voitures européennes. Le système FCR a fait le reste.

Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles

 En 2013, 20.000 voitures d'occasion immatriculées en Belgique ont pris la direction de la Tunisie. Ce chiffre est paru dans les statistiques officielles de la Banque nationale de Belgique, basées sur les déclarations des exportateurs et les chiffres des douanes belges.

Retraite tunisienne des voitures belges

Durant la même période, le marché tunisien de l'automobile a, paradoxalement, enregistré une baisse de 2,7 %, passant de 49.293 véhicules immatriculés en 2012 à seulement 47.960 en 2013.

En parallèle, l'exportation des voitures d'occasion depuis le port d'Anvers en Belgique vers la Tunisie a connu une forte progression de 192% pour atteindre le chiffre de 20.000 véhicules. Ce chiffre s'explique d'une part par la décision prise en 2012 par les autorités tunisiennes, sous le gouvernement islamiste conduit par Hamadi Jebali, de fixer à 5 ans au lieu de 3 l'âge pour les voitures d'importation mais aussi par la saturation des ports libyens qui a transformé la Tunisie en porte d'entrée idéale pour le marché libyen de l'automobile d'occasion, longtemps sclérosé par le régime de Kadhafi.

Néanmoins, ce chiffre risque une nouvelle fois de faire grincer les dents des différents concessionnaires automobiles en Tunisie. Dans une intervention sur ExpressFm, le 6 mai 2014, Mehdi Mahjoub, directeur général de City Cars, filiale de Kia Motors Tunisie, et porte-parole de la Chambre des concessionnaires en Tunisie, dénonçait la manipulation du système FCR dont bénéficie les Tunisiens de l'étranger, qui crée, selon lui, un cloisonnement du marché automobile en Tunisie.

Les dérives du régime FCR
Ainsi selon les chiffres présentés par Mehdi Mahjoub, 60% des voitures en Tunisie sont achetées via les canaux des différents concessionnaires contre 37,5% via le régime FCR.

Les Tunisiens qui résident à l'étranger pendant plus de deux ans peuvent bénéficier d'avantages fiscaux (franchise totale ou partielle des taxes) liés à l'importation d'un véhicule lors de leur retour définitif en Tunisie.

Les différents concessionnaires ne remettent pas en cause cet avantage accordé aux Tunisiens de l'étranger mais veulent stopper l'instrumentalisation de ce mécanisme en évitant par exemple qu'un Tunisien de l'étranger puisse vendre son avantage à une tierce personne, ce qui alimente un commerce parallèle juteux au détriment des concessionnaire locaux, qui est aussi nuisible à l'économie tunisienne. L'opération de vente du régime FCR entre deux particuliers ne donne pas lieu au payement de la TVA, ce qui est un manque à gagner pour l'Etat.

Selon différentes sources, le ministère du Commerce serait favorable à une révision du régime FCR en imposant une incessibilité de tout véhicule importé sous le régime FCR pendant une période de deux à trois ans.

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