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Interrogée, vendredi sur l'affaire des touristes israéliens entrés récemment en Tunisie, la ministre du Tourisme Amel Karboul a préféré botter en touche.

Par Yüsra N. M'hiri

Le ministre du Tourisme Amel Karboul a donné une conférence de presse, vendredi, deux mois après la prise de ses fonctions.

La conférence, consacrée à faire le point sur la situation du secteur touristique et les priorités qu'elle assigne à son département, s'est déroulée en présence de ses principaux collaborateurs et des représentants du secteur, notamment, Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV) et Radhouan Ben Salah, président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH).

Promouvoir les régions intérieures

Mme Karboul a souligné l'importance d'encourager le tourisme dans les régions intérieures. «Du sud au nord de la Tunisie, chaque région a son charme et ses spécificités et peut attirer les touristes aussi bien étrangers que Tunisiens. Nous devons donc travailler pour les mettre en valeur et les promouvoir en leur apportant une aide financière qui les aident à améliorer l'infrastructure et les conditions de vie des habitants et notamment des artisans et des commerçants», a expliqué la ministre du Tourisme.

Le ministère a établi 4 axes prioritaires pour relancer l'activité touristique, qui fait vivre, directement et indirectement, le 5e de la population du pays: la qualité, l'image, la diversification et la réforme.

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Amel Karboul Radhouan Ben Salah et Mohamed Ali Toumi.

Dans ce cadre, le ministère a lancé une série de formations visant à améliorer la communication, la culture de la satisfaction du client, l'investissement, entre autres axes de développement du secteur. Plusieurs actions sont, par ailleurs, en cours, qui concernent l'environnement, la propreté, l'entretien des villes et le patrimoine «pour que la Tunisie puisse reprendre des couleurs et pour que ses sites et ses richesses soient mieux mis en valeur», a précisé Mme Karboul.

La ministre du Tourisme a annoncé, également, la suspension des campagnes de communication et de publicité visant à promouvoir la destination Tunisie en Europe afin de réviser les actions prévues dans ce cadre et d'optimiser les budgets qui y sont consacrés.

La «polémique de la Ghriba»

Mme Karboul est revenue sur ce qu'elle a appelé la «polémique de la Ghriba», précisant que le pèlerinage de la synagogue située à Djerba a lieu depuis des décennies en Tunisie et que cette activité, bien que ponctuelle, influe sur la haute saison estivale.

«Le pèlerinage de la Ghriba fait parti de nos traditions, et comme chaque année, les ministres de la Culture, du Tourisme et des Affaires religieuses y prennent part pour accueillir les touristes juifs venus du monde entier», a indiqué Mme Karboul.

«Cette année aussi, nous allons nous rendre à Djerba pour accueillir les pèlerins», a-t-elle ajouté, en apportant cette précision, sans doute inspirée par la «polémique» de ces derniers jours: «Seul changement: les conditions d'octroi des visas d'entrée en Tunisie seront formalisés. Ainsi, désormais, tout sera clarifié et écrit noir sur blanc».

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Le pèlerinage de la Ghriba est un facteur important pour renforcer l'image d'une Tunisie tolérante et accueillante où règnent la paix et la sécurité, a cru devoir ajouter la ministre, qui souhaite assurer la réussite du prochain pèlerinage, prévu du 16 au 18 mai prochain, et dont les préparatifs au niveau des compagnies aériennes, des agences de voyages et des hôtels battent leur plein.

Interrogée sur la pétition signée par quelque 80 députés demandant son audition, ainsi que celle de Ridha Sfar, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur chargé de la Sécurité, à propos de l'entrée récemment en Tunisie de touristes israéliens munis de passeports de leur pays, la ministre du Tourisme a préféré botter en touche: «Laissons la politique aux politiciens. Nous sommes là pour travailler et faire avancer le pays pour le faire sortir de la crise», a-t-elle lancé.

Cette réponse n'a pas convaincu certains confrères qui ont cru devoir insister, mais Mme Karboul ne s'est pas laissée intimider. «Les pèlerins israéliens se sont toujours rendus en Tunisie et effectué le pèlerinage à la Ghriba, sans que cela provoque une polémique», a-t-elle répondu sèchement. Et d'ajouter: «Les députés veulent nous auditionner. Nous répondrons à leurs questions. Mais comme je l'ai déjà précisé, il serait préférable de laisser la politique aux politiciens. Nous sommes là pour travailler».

 

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