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Ooredoo-Banniere

La fête marquant le rebranding de l'opérateur de téléphonie Tunisiana vers la marque internationale Ooredoo, a drainé le tout Tunis, jeudi soir, au Musée du Bardo.

Par Zohra Abid

Pourquoi avoir choisi le Musée du Bardo pour organiser une telle fête et pas, comme souvent, un palace de la banlieue nord de la Tunis? Peut-être pour donner une dimension historique à l'événement.

La soirée, qui a démarré par une conférence de presse, s'est poursuivie par un spectacle de danse haut en couleurs et un dîner royal. Il fallait marquer les esprits et Ooredoo – puisqu'il va falloir s'habituer à ce nom – n'a pas lésiné sur les moyens.
Dans cette vaste opération de communication, tous les sens ont été mis à contribution: la vue, bien sûr, mais aussi l'ouïe, le goût, l'odorat et, pour certains, le toucher aussi (sans jeu de mot déplacé).

Un bon compromis

Les Tunisiens, qui se sont familiarisés 10 ans durant, avec le nom Tunisiana doivent désormais s'habituer au logo rouge vif et tout en rondeurs d'Ooredoo (en arabe: ''Je veux''), le nom du groupe de télécommunications qatari qui détient 90% du capital de la société depuis 2013.

Kenneth-Campbell-Ooredoo

Kenneth Campbell: «Tunisiana a contribué à la démocratisation du mobile»

Les sentimentaux – et il y en a sans doute parmi les clients de Tunisiana – auront peut-être du mal à digérer ce changement, d'autant que la nouvelle appellation biffe la référence à la Tunisie dans le nom et le logo de l'opérateur téléphonique mobile numéro 1... en Tunisie. Aussi Ooredoo Tunisie est-il, finalement, un bon compromis, qui pourrait satisfaire toutes les parties. Mais certains ne l'entendent pas de cette oreille. Et malgré le passage en douce annoncé depuis quelques semaines dans la publicité «Ooredoo c'est Tunisiana et Tunisiana c'est Ooredoo», une campagne féroce a été menée sur les réseaux sociaux pour le boycottage de la nouvelle enseigne. Cela n'a pas servi à grand-chose. Car, au final, il va falloir se résigner à oublier Tunisiana et à s'habituer à Ooredoo, qui, finalement, sonne bien, très bien même.

Jeudi, le Musée du Bardo a donc ouvert pour la première fois ses portes pour abriter une cérémonie organisée par une entreprise privée. Selon nos sources, le ministère de la Culture a loué l'espace à Ooredoo pour la bagatelle de 20.000 dinars. Qui aime ne compte pas...

Lors de la conférence de presse, le directeur général Kenneth Campbell a, dans son mot de bienvenue, rappelé les premiers balbutiements du premier opérateur privé de téléphonie mobile en Tunisie. «Nous avons entamé l'aventure il y a 10 ans. A l'époque, Tunisiana, encore une petite starlette, avait son local à la Charguia et le téléphone portable était un produit de luxe... Déterminés, nous avons travaillé dur pour construire un réseau fiable et devenir enfin le 1er opérateur mobile en Tunisie», a-t-il dit, avec son petit accent québécois.

M. Campbell n'a pas oublié de rappeler que Tunisiana a beaucoup contribué à démocratiser le mobile en Tunisie. «Les temps ont changé et Tunisiana aussi. Aujourd'hui, plus de 20% de la population possède un smartphone et le meilleur reste à venir avec Ooredoo», a-t-il promis.

Nasser-Marafih-Ooredoo

Nasser Marafih: «Nous allons continuer à consolider notre filiale en Tunisie».

De nouvelles ambitions

Nasser Marafih, directeur exécutif du groupe qatari Ooredoo (ex-QTEL), a tenu à rappeler que le passage de Tunisiana à Ooredoo n'a pas été brusque. «Nous avons soulevé le voile sur le nom de la marque lors du GSM World de Barcelone en 2013. Ooredoo existe aujourd'hui dans 15 pays et la marque est visible notamment en Afrique du nord, au Moyen-Orient et au sud de l'Asie», a-t-il dit, comme pour rappeler que la société, ainsi adossée à un groupe international, a beaucoup à gagner en terme de synergies et de développements futurs.

Tunisiana, qui emploie aujourd'hui près de 2.000 personnes (sans compter les 3.000 emplois indirects), laisse donc la place, à partir d'aujourd'hui et de façon définitive, à Ooredoo. Le nom de Tunisiana aura cependant le mérite de rester... dans l'histoire comme un moment déterminant du parcours d'une entreprise qui se développe et se donne de nouvelles ambitions.

«Nous allons continuer à consolider notre filiale en Tunisie et à y développer le secteur de télécommunications. Nous avons déjà créé deux plateformes sociales pour les enfants et pour les jeunes, en vue de les aider à trouver du travail. Dans les sports, notre groupe soutient une dizaine d'équipes et il va continuer de s'investir dans ce secteur», a rassuré Nasser Marafih. Et d'enchainer : «La transition va se faire dans le courant de la semaine prochaine dans toutes les régions du pays. Où 200 partenaires vont devoir changer le logo Tunisiana par celui d'Ooredoo. Les contrats, les factures, le logo, les puces... seront désormais estampillés par le logo Ooredoo», a ajouté le Qatari.

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Le Ballet Syhem Belkhodja s'associe à la fête.

Ça sent bon le terroir

Pour marquer l'événement, Tunisiana, pardon Ooredoo a mis les petits plats dans les grands. Et la fête a été totale.

L'espace, chargé de 3000 ans d'histoire, celle de la Tunisie et non du Qatar, bien sûr, lui a donné une dimension culturelle et patrimoniale.

Le dîner, concocté par les chefs de l'hôtel Maison Blanche, fleurait bien les senteurs et les saveurs de notre pays. Idem pour le spectacle de danse présenté par le ballet de notre chorégraphe nationale Syhem Belkhodja.

Les mouvements, la musique, le rythme, les costumes et les déhanchements de ces belles filles et ces beaux garçons puisent dans le riche répertoire des danses traditionnelles tunisiennes, avec un zeste de modernité bien dosée.

C'était, pour ainsi dire, une fête (presque) 100% tunisienne. «Chez nous, il n'y a pas de place pour le light. C'est notre art et c'est à prendre ou à laisser!», a déclaré Syhem Belkhodja à Kapitalis.

Ah oui, on a oublié de signaler le spectacle équestre, qui a accueilli, à l'entrée du musée, les hôtes de la soirée. Les cavaliers «zlass» n'ont rien perdu de leur superbe...

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