fakhfakh saidi doghri 8 31Les prévisions de croissance économique établies au début de l'année 2013 par le gouvernement tunisien ont été abaissées de 4,5% à 4% en avril, puis à 3,6% en août. On serait heureux de ne pas descendre sous la barre de 3% à la fin de l’année.

La présidence du gouvernement provisoire a organisé, vendredi, une conférence de presse pour présenter les indicateurs de la situation financière, économique et de développement actuels du pays. Y ont pris part le ministre du Développement et de la Coopération internationale, Lamine Doghri, le ministre des finances Elyes Fakhfakh et le ministre chargé des Dossiers économiques Ridha Saidi.

Des résultats en-deçà des prévisions

Selon M. Doghri, la Tunisie a révisé de nouveau ses prévisions de croissance pour toute l'année 2013 pour l’établir à 3,6%.

M. Fakhfakh a indiqué, pour sa part, que l'économie nationale a réalisé un taux de croissance de 3% au cours du premier semestre 2013, en comparaison avec la même période de 2012, précisant que le taux de croissance a été de l'ordre de 3,2% durant le deuxième trimestre 2013 et de 2,6% au cours du premier trimestre de l'année en cours. Et d'ajouter que les recettes fiscales ont augmenté de 4,4%, alors qu'on tablait sur 11%, enregistrant une baisse de 496 millions de dinars (MD). «Idem pour les recettes non fiscales, qui ont enregistré un manque de 411 MD», a-t-il aussi déploré.

Le ministre des Finances a fait savoir aussi que les dépenses de gestion ont cru de 25,8% (l'équivalent de 14.698 MD), alors que le taux d'exploitation des fonds repartis a atteint 42%. Selon M. Fakhfakh, l'amélioration du rythme des dépenses de développement (17%) reste cependant en-dessous des estimations, puisque les fonds payés se sont limités à 80% par rapport aux prévisions fixées à fin juin 2013.

Le ministre a imputé ces résultats à des facteurs exogènes et d'autres endogènes, telle que la révision à la baisse de la croissance mondiale, notamment, dans la zone euro, du recul du taux de change du dinar par rapport au dollar et à l'euro et de la volatilité des cours du pétrole à l'international.

Autres facteurs handicapants évoqués par le ministre, la baisse de la consommation de l'Italie du gaz algérien livré à travers le gazoduc qui traverse la Tunisie, avec pour corollaire une baisse des recettes non fiscales et la hausse du prix de consommation du gaz à l'échelle locale.

Au vu de ces résultats, un budget complémentaire pour 2013 a été décidé, d'une valeur de 1.500 MD, dont 880 MD sous forme de dus au titre de 2012 et 400 MD destinés à la capitalisation des banques.

De nouveaux emprunts en perspective

Malgré toutes ces mauvaises nouvelles, les 3 membres du gouvernement ont mis l'accent sur la sécurité des finances publiques et la disponibilité des salaires des fonctionnaires au cours des prochains mois, et ce, malgré la crise économique que connaît le pays. Ils ont souligné, à cet effet, que la Tunisie va être contrainte de sortir sur les marchés internationaux pour mobiliser des ressources financières au profit du budget de l'Etat pour l'exercice 2014.

Ils ont estimé que le budget de l'Etat est confronté à des problèmes structurels, qui se sont aggravés par l'augmentation des salaires et la hausse de la charge de compensation après la révolution. Pour M. Fakhfakh, les recettes fiscales de l'Etat pourront augmenter de 4.000 MD et les dépenses des hydrocarbures (4000 MD) rationalisées, ce qui va permettre de réduire le déficit budgétaire, estimé actuellement à 8.000 millions de dinars.

M. Fakhfakh a nié l'intention du gouvernement d'augmenter les prix des hydrocarbures, soulignant toutefois qu'une politique sera adoptée, qui est actuellement en cours d'élaboration au sein du ministère de l'Industrie. L'objectif, a-t-il dit, est d'assurer une meilleure affectation des ressources de subvention aux personnes nécessiteuses et garantir leur répartition équitablement.

En ce qui concerne l'endettement extérieur, M. Fakhfakh a précisé que les intérêts des dettes obtenues par la Tunisie n'ont pas dépassé 1,8%, du fait que ces dettes sont inscrites dans le cadre du renforcement de la phase de transition et de conventions internationales.

La Tunisie a demandé aux Etats-Unis une nouvelle garantie pour sortir sur le marché financier international et la France s’est engagée à convertir une partie des dettes de la Tunisie en garanties de crédits ou en investissements destinés au développement.

En ce qui concerne le renforcement des ressources du budget de l'Etat pour l'année 2013 ou pour les années à venir, le ministre des Finances a évoqué la question de cession de quelques domaines confisqués, tel que Carthage Cement, soulignant, dans ce contexte, l'annulation de la décision de confisquer cette entreprise pour qu'elle soit plus rentable après son entrée en activité.

I. B. (avec Tap).