conseil gouvernement 8 20Le gouvernement tunisien a cru devoir sortir les «bons chiffres» de l’économie tunisienne, comme pour répondre à l’abaissement de deux crans de la note souveraine de la Tunisie par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P)..

Difficile, en effet, de ne pas faire un rapprochement entre la campagne de communication gouvernementale sur les frémissements de relance de l’économie tunisienne et les fortes inquiétudes que celle-ci inspire aux opérateurs économiques, experts et agences de notation étrangères.

Il y a quelques jours, c’est le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, qui a tiré la sonnette d’alarme, dans un entretien à MosaïqueFM.

Calmer les inquiétudes

C’est pour calmer ces inquiétudes qu’un conseil ministériel restreint consacré à l'examen de la situation économique et financière dans le pays s’est réuni, lundi, sous la présidence du chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh.

Ce conseil a fait état d'un taux de croissance de 3% au cours du 1er semestre 2013, contre une réduction du taux de chômage jusqu'à 15,9% et une régression du taux d'inflation de 6,4% à 6,2%. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possible.

Le communiqué de la présidence du gouvernement, publié à la suite de cette réunion, indique, par ailleurs, que le déficit cumulé au cours des 6 premiers mois de 2013 a atteint 4,2% du PIB de la balance des paiements courants contre 4,6% au cours de la même période à l'année précédente.

Les réserves en devise ont été évaluées, en fin de la semaine dernière, à 107 jours d'importation – conséquence du décaissement d’un prêt japonais, ce que le gouvernement se garde, bien entendu, de préciser –, alors que le taux de couverture de la balance commerciale a atteint 71,8%.

Le Conseil a, également, fait état d'une hausse de 6,1% des exportations contre 5,4% au cours de la même période de l'année 2012 et d'une baisse du rythme des importations à 4,8%, taux qui a atteint 14,4% durant le 1er semestre de l'année 2012.

Le volume des investissements déclarés dans le secteur des industries manufacturières a accusé une hausse de 23,1%, en comparaison avec la même période de l'année 2012, contre une baisse de 1,3% du volume des investissements extérieurs.

S'agissant du secteur touristique, le Conseil a fait état d'un accroissement de 1,8% du taux de nuitées, d'une hausse de 0,2% des recettes touristiques et d'une augmentation de 4,8% du nombre des touristes.

Un plan économique pour le reste de l’année 2013

En ce qui concerne le budget de l'Etat, le Conseil ministériel a enregistré une augmentation des recettes fiscales de 4,4%, alors que les estimations tablaient sur 44,1%. Il a, également, fait état d'une hausse de 25,8% des dépenses de gestion qui, selon le communiqué, revient à l'augmentation des dépenses de subvention et aux majorations salariales. Les dépenses de développement ont enregistré une hausse de 17%, avec un taux de consommation de 23%.

Le Conseil ministériel a abouti à une série de recommandations visant à mettre en place un plan économique et financier qui prévoit un ensemble de mesures et dispositions pour accompagner la période restante de l'année financière 2013.

Selon le communiqué, ces mesures et dispositions prévoient, également, la mise en place d'une commission pour assurer le suivi de ce plan, ajoutant que cette commission doit regrouper des représentants de la présidence du gouvernement, de la Banque centrale de Tunisie (BCT), et des ministère des Finances, de l'Industrie, du Tourisme et du commerce.

Le Conseil a, aussi, recommandé d'œuvrer à atteindre un plus fort taux de croissance réalisable à même d'accroître les richesses et de générer des postes d'emploi. De surcroît, il a préconisé de mettre en place un plan couvrant le reste de l'année et de porter un intérêt plus marqué au secteur du tourisme pour en améliorer les performances et favoriser sa contribution à l'économie nationale.

D'autre part, le Conseil a estimé indispensable d'impulser le secteur minier au cours de la période restante de l'année 2013, à travers l'augmentation du rythme de la production, l'exploitation optimale des réserves et la garantie de leur transport vers les usines du Groupe chimique tunisien (GCT), mettant l'accent, à ce propos, sur la nécessité de réunir toutes les conditions nécessaires pour garantir le bon déroulement de cette opération. Traduire : mettre fin aux grèves et sit-in qui paralysent, de temps en temps, les sites de production dans le bassin minier de Gafsa.

Rationalisation des activités économiques

Le conseil a, également, souligné l'impératif de prendre toutes les mesures nécessaires pour rationaliser les importations et accélérer le rythme des exportations, recommandant, à cet égard, de confier la mise en application de ces mesures au ministère du Commerce, à la Banque centrale de Tunisie et à la douane tunisienne.

Sur un autre plan, le conseil ministériel a appelé à la rationalisation de la consommation de l'énergie, à baisser les prix d'électricité et du gaz pour certaines catégories de consommateurs et à réduire les charges qui pèsent sur la balance des paiements.

Concernant le secteur financier, le conseil a préconisé de prendre des mesures d'économie au sein des ministères dans tous les domaines de gestion tels que les recrutements, les dépenses d'énergie, la maintenance du matériel roulant et l'amélioration des recettes fiscales.

Il s'agit, d'après le communiqué, d'impulser les efforts de recouvrement des impôts et de contrôle fiscal et de régler, dans les plus brefs délais, les dossiers du contentieux fiscal.

D'autre part, le conseil ministériel a appelé la BCT à assurer le suivi des fluctuations du taux de change pour en réduire les incidences sur les entreprises et à réfléchir sur les moyens de mettre en place un mécanisme pour soutenir les entreprises exportatrices et les protéger contre les risques de fluctuation du taux de change.

Il a, également, recommandé le lancement d'une opération de souscription obligataire en devises auprès des Tunisiens à l'étranger et d'opter pour le mécanisme des «sukuk» en tant que source de financement du budget de l'Etat.

I. B. (avec Tap).