banque centrale de tunisie 27Le conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réuni aujourd'hui, note une atonie de l'activité économique dans le pays durant le 1er semestre de l'année, que la crise politique et sécuritaire actuelle va sans doute aggraver. Communiqué...

 

Au début de ses travaux, le Conseil d'Administration a observé une minute de silence en hommage aux martyrs de la Nation tombés ces derniers jours, avant d'examiner les récents développements sur la scène nationale et leurs éventuelles conséquences sur la stabilité politique et sociale du pays et, partant, sur sa situation économique et financière.

En ce qui concerne les dernières évolutions de la conjoncture économique mondiale, le Conseil a relevé la révision à la baisse par le FMI, durant le mois en cours, du taux de la croissance économique mondiale, par rapport à ses prévisions du mois d'avril dernier. Ainsi, ce taux pourrait atteindre 3,1% au cours de cette année et 3,8% pour l'année prochaine contre 3,1% enregistré en 2012 et ce, en rapport, surtout, avec le ralentissement de l'activité dans plusieurs pays émergents, outre le risque de la récession dans la Zone Euro pour une période plus prolongée.

En-deçà des prévisions de croissance du gouvernement

Sur le plan national, le Conseil a noté que les données disponibles montrent une atonie du rythme de l'activité économique durant le premier semestre de l'année, ce qui rend difficile, si cette tendance se poursuit, la réalisation de l'objectif fixé dans le Budget économique en matière de croissance pour l'année 2013 et ce, malgré certaines évolutions sectorielles positives, en particulier la progression du rythme de la production du secteur industriel au mois d'avril (hausse de l'indice de la production industrielle de 4,1%), la poursuite de l'amélioration des indicateurs du secteur touristique au mois de juin et pour le deuxième mois consécutif (hausse des nuitées et des recettes de 4,6% et 5,4% respectivement) et la reprise de l'activité du transport aérien selon les données relatives au mois de mai.

Aggravation du déficit commercial

Pour ce qui est du secteur extérieur, le Conseil a souligné l'aggravation continue du déficit commercial avec l'extérieur durant le premier semestre de l'année en cours et, partant, la persistance des tensions exercées sur le déficit courant qui est demeuré à un niveau préoccupant malgré la baisse relative observée par rapport à la même période de l'an passé, soit 4,2% du PIB contre 4,6%.

Toutefois, l'impact de ces évolutions sur le niveau des réserves en devises, qui ont atteint 11.347 MDT ou l'équivalent de 104 jours d'importation en date du 30 juillet 2013, a été atténué grâce à une mobilisation importante de ressources extérieures et ce, en dépit du repli de l'excédent de la balance des emprunts et celui de la balance des investissements extérieurs.

Taux d'inflation resté élevé (6,4%)

Quant à l'évolution des prix à la consommation, le taux d'inflation s'est stabilisé à un niveau élevé au mois de juin 2013, soit 6,4% en glissement annuel et ce, pour le troisième mois consécutif, sachant que l'indice des prix à la consommation a augmenté de 0,3% en juin 2013 contre 0,1% le mois précédent.

Concernant le marché des changes, le dinar a enregistré, en date du 29 juillet et comparativement à fin juin 2013, un léger repli vis-à-vis de l'euro et du yen japonais de 1,6% et de 1,1%, respectivement, contre une quasi-stabilité par rapport au dollar U.S.

S'agissant des évolutions monétaires, les besoins de liquidité des banques se sont globalement atténués durant la première moitié de l'année courante en comparaison avec la situation ayant prévalu à la fin de 2012. Toutefois ces besoins se sont accrus à partir du mois de juin 2013, amenant ainsi la Banque Centrale à intensifier ses interventions sur le marché monétaire qui ont atteint, le 30 juillet courant, leur plus haut niveau depuis le début de l'année, soit 4.814 MDT en moyenne contre 4.758 MDT un mois auparavant et 3.922 MDT au mois de mai. Aussi, le taux d'intérêt moyen sur ce marché s'est-il stabilisé à 4,74% en juillet, soit le même taux enregistré le mois précédent. Il est à signaler qu'une cellule de veille a été mise en place au sein de la Banque Centrale pour assurer un suivi attentif des dernières évolutions des principaux indicateurs économiques et financiers et du marché des changes.

En outre et dans le cadre du suivi diligent du développement de la conjoncture économique et financière en collaboration avec le secteur bancaire, le Gouverneur de la Banque Centrale a tenu une réunion avec les dirigeants des banques en date du 30 juillet durant laquelle a été relevé, notamment, le déroulement normal des opérations bancaires surtout monétaires et de change.

Lors de l'analyse de l'activité du secteur bancaire, le Conseil a constaté le ralentissement du rythme de progression de l'encours des dépôts au cours du premier semestre de l'année en cours par rapport à la même période de 2012 (2,4% contre 4,1%) et ce, parallèlement à l'évolution des concours à l'économie qui se sont accrus, au cours de la même période, de 3,2% contre 5,1% durant le premier semestre de 2012, suite notamment à la faiblesse du rythme des crédits à moyen et long termes.

Inquiétude face aux récents événements

A la lumière de ces évolutions, le Conseil a exprimé sa préoccupation concernant les événements récents qui ont marqué la scène nationale, tout en alertant sur la gravité de leurs retombées éventuelles sur l'activité économique et les équilibres financiers internes et externes, s'ils ne sont pas circonscrits rapidement.

En outre, le Conseil a confirmé le maintien d'une politique monétaire accommodante par La Banque Centrale afin de fournir les liquidités nécessaires à l'activité économique et au soutien des secteurs productifs, outre le suivi rigoureux de l'évolution des indicateurs monétaires et financiers, et a décidé de maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale.

Le Conseil a également appelé à prendre les mesures urgentes nécessaires sur les plans politique, sécuritaire et économique à même de pallier, moyennant la conjugaison de tous les efforts, la situation difficile et d'aider à retrouver le rythme requis de l'activité économique pour les derniers mois de cette année.

Source : communiqué.

* Les titres et intertitres sont de la rédaction.