inflation 7 22«L'inflation reflétée par l'indice des prix à la consommation (IPC) ne traduit pas l'inflation ressentie par les ménages», constate le Centre tunisien de veille et d'intelligence économique (CTVIE), relevant de l'IACE.

En effet, explique le centre, dans une étude intitulée : «L'inflation réelle, l'inflation perçue: où est le biais?», «lorsque l'inflation porte sur les produits et services utilisés quotidiennement ou fréquemment par le consommateur (nourriture, tabac, éducation), celui-ci perçoit de façon très nette son impact alors qu'elle sera très faiblement traduite au niveau de l'indicateur agrégé de l'inflation».

La perception de l'inflation est une vérité

«Il semble que le problème, en matière de l'inflation, n'est pas un problème de régulation et de ciblage mais plutôt un problème de mesure», expliquent encore les auteurs de l'étude.

Pour eux, «l'inflation a un impact non seulement sur le panier de la ménagère mais aussi sur l'entreprise, puisqu'elle l'affaiblit en lui donnant l'illusion de réaliser des profits, fausse l'estimation de sa valeur patrimoniale et nourrit l'instabilité sociale».

Malgré les mesures entreprises par le gouvernement, souligne l'étude, «la perception de l'inflation est une vérité et la poursuite des tensions inflationnistes mesurées par l'IPC reste probable pour les prochains mois». Conséquence: «Les Tunisiens ressentent de plus en plus le décalage entre l'évolution des prix annoncés et la réalité». Aussi doit-on mettre en place un véritable indice du coût de la vie afin de parvenir à cerner et à cibler l'inflation.

Cet indice reposera sur une évaluation du coût moyen des dépenses de consommation des ménages, tout en incluant la variation des quantités consommées. Il s'agit, en d'autres termes, de prendre en considération, la composition de l'IPC et les changements comportementaux des consommateurs.

En fait, d'après l'étude, l'IPC présente plusieurs limites, notamment au niveau de sa construction qui ne prend pas en considération l'évolution de la qualité des biens, ni le changement des goûts des consommateurs ou les fluctuations du cours de change.

Les causes de la hausse de l'inflation

La hausse du taux de l'inflation en Tunisie (6,4% au mois de juin 2013), s'explique, d'après l'étude, par la multiplication des réseaux de la contrebande, le déséquilibre entre l'offre et la demande, l'absence de contrôle économique et l'inflation importée (causée principalement par la hausse des prix des biens importés).

«La dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar et de l'euro a généré mécaniquement de l'inflation qui s'est accéléré suite à la baisse de nos réserves de change. Cette dépréciation du taux de change affecte fortement la facture énergétique et alimentaire qui risque de peser sur le budget de l'Etat (directement par les dépenses de fonctionnement et indirectement aux travers de la caisse compensation)», précise le document.

Autre facteur engendrant l'inflation, le coût élevé de la production, qui entraîne l'augmentation des prix de vente de nombreux produits.

Partant, l'étude recommande de se référer à plusieurs indicateurs de prix à la consommation qui tiendraient compte des disparités régionales et des inégalités sociales. «Un IPC fondé sur le panier du consommateur moyen reflète mal l'inflation ressentie par la population. Vu la forte disparité régionales et les inégalités sociales, on ne peut parler d'un indice de l'inflation mais de plusieurs indices d'inflation qui inclueraient: un indice de prix pour les ménages pauvres, un indice de prix par région et un indice du panier de la ménagère.»

Le CTVIE appelle, par ailleurs, à prendre en considération les mutations que subissent les habitudes des consommateurs, ainsi que l'apparition de nouveaux produits et services, qui ne sont pas pris en considération par la méthode actuelle de calcul de l'IPC.

Dans le cadre de cette réflexion, l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE) annonce, par ailleurs, le lancement d'un simulateur d'inflation personnalisé sur son site web, qui permettra à chacun, en fonction de sa propre consommation, d'évaluer l'inflation qu'il subit.

I. B. (avec Tap).