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Selon le dernier rapport de la Cnuced sur l'investissement direct étranger (Ide), la Tunisie n'est pas au bord du précipice, loin de là. Elle a réussi à surmonter la crise de 2011 et à revenir à un niveau d'Ide plus ou moins normal.

Par Seif Eddine Yahia

Ce mardi 2 juillet, la Conférence des Nations Unies pour le développement (Cnuced) et l'Agence de promotion des investissements extérieurs (Fipa) organisaient la présentation du rapport 2013 sur l'investissement dans le monde, à Gammarth, l'occasion de revenir sur les tendances mondiales en matière d'investissement ainsi que sur le cas particulier de la Tunisie.

Depuis 23 ans, le rapport sur l'investissement dans le monde permet de définir les grandes tendances en matière d'investissement direct à l'étranger (Ide). Chaque année, les experts de la Cnuced publient un rapport dans lequel ils reviennent sur les grandes tendances concernant les investissements à l'étranger et sur les motifs expliquant ces tendances.

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Lamine Doghri.

Cette présentation, la deuxième en Tunisie depuis le changement de régime, a vu intervenir Lamine Doghri, le ministre du Développement et de la Coopération Régionale; Mongi Hamdi, le chef de cabinet du secrétaire général de la Cnuced, James Zhan, directeur de la division entreprise et investissement à la Cnuced; Noureddine Zekri, le directeur général de la Fipa, ainsi que Noureddine Hajji, directeur général associé à Ernst & Young Tunisie.

Présentation du rapport

M. Zhan a présenté les conclusions du rapport 2013. Comme prévu, les effets de la crise se sont fait sentir en termes d'Ide puisqu'après une hausse de 17% des investissements en 2011, ceux-ci ont baissé, partout dans le monde de 18% en 2012, si bien que le niveau d'Ide est plus bas que lors de la période pré-crise de 2005-2007.

Deux éléments liés à la crise semblent expliquer cette contraction des Ide. D'une part, les Etats semblent de plus en plus tentés par le protectionnisme ou du moins par une plus grande sélectivité dans les investissements entrants depuis 2000; d'autre part, les firmes transnationales, face à un contexte incertain, préfèrent thésauriser plutôt que d'investir à l'étranger.

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Noureddine Ben Zekri.

Cependant, des raisons de demeurer optimistes existent à l'échelle mondiale si bien que la Cnuced table sur un retour à la hausse des Ide pour 2014-2015. Notons que, dans ce contexte morose, les pays en développement tirent leur épingle du jeu. Ainsi 2012 a été une année historique puisque, pour la première fois, les pays en développement constituaient le pôle majoritaire de réception des Ide (52%). Année faste donc pour les pays en développement et plus particulièrement pour le continent africain.

L'Afrique, nouvel eldorado?

Seul continent à avoir vu sa masse d'Ide entrants croître entre 2011 et 2012, l'Afrique constitue un pôle d'attractivité grandissant pour ces investissements. Depuis longtemps déjà, l'exploitation des matières premières explique l'intérêt des entrepreneurs pour le continent, mais il est à noter que de nouveaux paramètres sont à prendre en compte afin de mieux cerner les tendances du continent.

C'est ce qu'a tenté de démontrer Noureddine Hajji, lors d'une présentation sur les opportunités offertes par le continent africain. Loin des clichés négatifs habituellement distillés par les médias, l'Afrique demeure un continent en plein essor, à la fois attractif pour des Ide entrants mais également capable de générer des Ide avec de nouveaux secteurs attractifs tels que la production manufacturée ou encore les services financiers. Autant de secteurs sur lesquels des investisseurs tunisiens peuvent avoir vocation à se positionner.

La Tunisie à la croisée des chemins

Contexte mondial morose, et contexte africain plus favorable que par le passé. Autant de pistes pouvant aider à comprendre les orientations futures de la Tunisie en matière d'investissement et de politique économique. Comme le rappelait M. Doghri, la Tunisie a réussi à surmonter la crise de 2011 consécutive à la révolution et à retrouver un niveau d'Ide entrant équivalent à celui des années précédant cette crise.

Malgré les troubles vécus par le pays depuis 2010, la Tunisie reste un pôle d'attractivité proportionnellement plus fort que peuvent l'être l'Egypte ou le Maroc, capable d'attirer à lui des investissements massifs en provenance d'Europe (en premier lieu du Royaume-Uni) et du Moyen Orient.

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James Zhan.

La Tunisie reste à la croisée des chemins sur le plan économique et c'est donc pour cela que les conseils de la Cnuced s'avèrent nécessaires pour les orientations futures du pays et notamment pour la création du nouveau code des investissements, effectif en début d'année 2014.

Comme le rappelait M. Zekri pour Kapitalis, le code des investissements actuellement en préparation bénéficiera de l'avis de nombreux experts (Ocde, Cnuced...) ainsi que des apports de l'ensemble de la société civile afin d'être plus en accord avec les standards internationaux, mais aussi avec les aspirations des personnes investissant sur le sol tunisien et les besoins du pays notamment en matière de transfert de technologie et de développement à l'international.

Riche d'enseignements, cette présentation du rapport mondial sur les investissements de la Cnuced a permis de mettre en perspective la situation tunisienne depuis 2010 et le contexte mondial de morosité économique.

La Tunisie n'est pas au bord du précipice, loin de là. Le pays a réussi à surmonter la crise de 2011 et à revenir à un niveau d'Ide plus ou moins normal. Ce n'est certes pas encore suffisant pour relancer la machine économique du pays mais espérons que les choix économiques du gouvernement, ainsi que les opportunités offertes tant par l'émergence du continent africain que par l'intégration dans la zone euro-méditerranéenne aideront le pays à revenir, dans les prochains mois, à une situation économique plus favorable dans les années à venir.