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Malgré la conjoncture économique morose, les indicateurs de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) sont au vert. Et c'est tant mieux ainsi pour les actionnaires, les fonctionnaires, les clients... et le pays.

Par Zohra Abid

C'est ce qu'a annoncé, vendredi 21 juin, au Sheraton, Ismail Mabrouk, président du conseil d'administration de la banque, lors de la tenue de l'assemblée générale ordinaire annuelle des actionnaires.

Mais avant d'annoncer les bonnes performances de la banque en chiffres et réalisations, M. Mabrouk a rendu un hommage posthume à Aziz Miled, hôtelier et voyagiste (TTS, Nouvelair) et membre du conseil d'administration de la Banque pendant 30 ans, décédé en novembre dernier. «C'est une grosse perte, non seulement pour le secteur du tourisme mais pour l'économie tunisienne en général», a dit le président du conseil d'administration avant d'appeler l'assistance à une minute de silence à la mémoire du défunt.

Chose promise chose due

C'est devant un parterre d'actionnaires, de banquiers et de simples citoyens qu'Ismail Mabrouk a passé en revue le bilan de la banque pour la période 2008-2012. Les promesses ont été tenues et les présents, tout sourire, n'ont pas raté l'occasion pour se féliciter et... applaudir.

L'an dernier, à pareille période, la Biat a en effet promis des résultats positifs. «Les réalisations sont conformes aux prévisions avec un bénéfice net exceptionnel de 94,7 millions de dinars (MD) en progression de 96,5% par rapport à 2011... C'est le fruit de plusieurs années de travail. Grâce aussi à nos commissions et à nos tarifications, qui sont les plus basses du marché, ce bilan positif est venu tout naturellement», a lancé M. Mabrouk.

Chiffres à l'appui, la Biat est devenue leader du marché en termes de dépôts avec une progression moyenne annuelle de 7,2% favorisant les catégories de dépôt les moins coûteuses. Les crédits à la clientèle ont également augmenté de 14,8%. Le nombre de clients, qui s'est accru de 12%, est aussi un objet de satisfaction. «500.000 Tunisiens font aujourd'hui confiance à la Biat», se félicite M. Mabrouk, soit une moyenne d'environ 1 Tunisien sur 20.

Le succès, on le sait, donne des ailes et ravive les ambitions : la Biat garde bon pied bon œil et lorgne désormais vers les Tunisiens à l'étranger. Un bon banquier sait très bien qu'ils sont une bonne cible. Et pour cause: «ils ont des revenus importants. Le transfert de l'argent s'effectue gratuitement et nous avons toute une stratégie pour les Tunisiens en Italie, en France, en Libye», a précisé Ismaïl Mabrouk.

Des résultats d'exploitation substantiels

Grâce à l'évolution moyenne de 10% de son produit net bancaire, «la Biat a pu occuper, tout au long de la période, le 1er rang des banques de la place. C'est une augmentation moyenne de 29% par an au niveau du résultat net», s'est encore félicité M. Mabrouk.

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Quant aux ratios de gestion et de rentabilité, les actionnaires n'ont pas à être frileux. M. Mabrouk a les mots qu'il faut et, surtout, de bons chiffres pour les rassurer: «L'amélioration se poursuit  : nous parlons aujourd'hui de 17,2% de la rentabilité des fonds propres (ROAE) en 2012 contre 7,8% en 2008. Le taux de créances douteuses litigieuses (CDL) est seulement de 8% en 2012 contre 10,8% en 2008. Et le taux de couverture des CDL est de 66% en 2012 contre 61% en 2008».

Une institution financière en bonne santé pense toujours à investir davantage, à se développer, et ce qu'a fait la Biat. «48 nouvelles agences ont vu le jour et notre réseau en compte actuellement 159. Nous tablons, d'ici 2015, sur 200 agences. Nous avons mis en place un nouveau système d'information moderne (solution de global banking permettant à la banque de travailler en temps réel). Quant aux travaux de la 2e tranche du siège social de la Biat, ils ont été entamés», enchaîne M. Mabrouk.

Cap sur les régions défavorisées

La Biat, qui compte 2.550 employés, a recruté, après la révolution, 120 jeunes diplômés venant des zones défavorisées. La banque a, d'ailleurs, tout un programme dans les régions de l'intérieur. «Il est vrai qu'on est très présent au Sahel et à Sfax. Mais parmi les 50 futures agences qui seront ouvertes dans le pays, 10 soit une moyenne de 20%, le seront au nord-ouest», a annoncé Ismaïl Mabrouk, qui a également ajouté «la création d'un fonds d'investissement de 10 MD pour le financement de projets dans ces zones».

Les projets ambitieux de la banque et ses plans d'avenir nécessitent, on l'imagine, des réserves consistantes. M. Mabrouk le sait. Il ajoute: «Nos choix s'inscrivent dans le cadre d'un souci généralisé de consolidation des fonds propres des banques tunisiennes eu égard au manque de visibilité quant à l'évolution du contexte national et international. Cette option de favoriser la constitution des réserves sera adoptée dans le cadre de la répartition de bénéfices au titre des 3 prochaines années (300 MD d'ici 2015) ce qui permettra à la banque de consolider ses fonds propres sans recourir à une augmentation de capital».

Mais la Biat est-elle vraiment en mesure de réaliser suffisamment de bénéfices pour pouvoir constituer ce volume escompté de réserves tout en maintenant une rémunération convenable de son capital? A cette question, Ismaïl Mabrouk a répondu avec détermination et en toute confiance que la Biat a élaboré un Plan Stratégique adéquat pour y arriver.

Avant de clôturer la séance et souhaiter longue vie à la Biat, M. Mabrouk a cédé la parole à Slaheddine Ladjimi, directeur général, qui a passé en revue, dans le détail, les réalisations de la banque au cours de 2012.  Ismaïl Mabrouk a eu notamment une pensée pour un illustre absent, Mokhtar Fakhfakh, président honoraire de la Biat, «qui nous a beaucoup manqué. Il est un peu fatigué et nous lui souhaitons un prompt rétablissement».

Illustration: Ismaïl Mabrouk (Ph. Mohamed Hammi).