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Le Fonds monétaire international (Fmi) se veut rassurant sur les retombées du dernier prêt stand-by contracté par la Tunisie auprès de l'institution financière internationale.

Par Marwan Chahla

Pour le Fmi, en dépit des incertitudes de la transition politique et des risques sérieux que peut entraîner la dégradation du contexte économique mondial, la situation en Tunisie reste «gérable».

Situation gérable mais risques importants

C'est ce qu'a déclaré, hier, Amine Mati, chef de mission auprès du Fmi pour la Tunisie, dans une tentative d'apaisement de certaines appréhensions suscitées par l'octroi par l'institution financière internationale, le 7 juin dernier, d'un prêt de précaution de 1,75 milliard de dollars (environ 2,87 milliards de dinars tunisiens) à la Tunisie.

Ce programme d'assistance du Fmi aux réformes du gouvernement tunisien est assorti des conditions suivantes: une période de décaissement par tranches étalée sur deux années, un taux d'intérêt annuel de 1,08%, une période de grâce de 3 ans et une période de remboursement de 5 ans.

Le décaissement de ce prêt a été également conditionné par l'engagement pris par le gouvernement tunisien de mettre en œuvre un certain nombre de réformes – promises au Fmi ou exigées par le bailleur de fonds international – qui comprennent notamment le renforcement du secteur bancaire et l'encouragement de l'investissement.

Le Fmi reconnaît que le programme fait face à des «risques importants», malgré la détermination forte des autorités tunisiennes à coopérer et la très probable reprise de la croissance économique pour l'année actuelle : 4%, au lieu de 3,6% en 2012.

Dans un rapport publié lundi, les équipes du Fonds mettent en garde que les prévisions de croissance économique peuvent être contrariées, «notamment si l'environnement externe se détériore davantage, affectant ainsi le tourisme et les transferts de fonds des Tunisiens expatriés».

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Amine Mati à Tunis en avril 2013: avec Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, et Elyes Fakhfakh, ministre des Finances. 

La «neutralité partisane» du gouvernement

Le Fmi ne manque pas, non plus, d'insister sur l'importance de la situation interne du pays: «Des contrariétés de la situation politique – tels que des retards pris sur l'organisation des élections, par exemple – peuvent avoir raison de l'engagement politique à mettre à exécution les réformes économiques et faire durer encore plus longtemps l'attitude attentiste des investisseurs».

Cependant, pour Amine Mati, les difficultés tunisiennes (un tourisme précaire et un taux de chômage toujours très élevé) ne font pas de la Tunisie «une nouvelle Grèce». «La situation en Tunisie est nettement plus facile à gérer (...) et la dette publique, qui sera de l'ordre de 45,3% du Pib pour l'année 2013, reste supportable, comparée à celle de la Grèce qui pourrait atteindre cette année plus de 170%», a-t-il expliqué.

Un élément d'importance qui peut aussi fausser toutes ces données économiques brutes reste le degré de la «neutralité partisane» du gouvernement d'Ali Lârayedh. L'inclination populiste et électoraliste, nous le savons, est si grande chez les Nahdhaouis qu'ils pourraient ne pas tenir les promesses faites (et non avouées au grand public) au Fmi. La main tendue de Christine Lagarde comporte des contraintes et des rigueurs qui risquent d'être impopulaires et coûter à Ennahdha des voix aux prochaines échéances électorales...

(Avec ''Middle East Online'').